États-Unis : Court-circuit sur la privatisation12/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1696.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Court-circuit sur la privatisation

Les compagnies privées qui se sont emparées de la gestion de l'alimentation électrique à l'occasion de sa privatisation en 1996 s'apprêtent en effet à couper l'électricité une heure, à l'heure de pointe, entre 16 et 19 heures. La coupure serait tournante, quartier par quartier. Des coupures ont déjà eu lieu lors des fêtes de fin d'année, à cause des illuminations dans les rues.

Les compagnies privées qui se partagent la distribution électrique en Californie prétendent qu'elles perdent de l'argent, environ 40 millions de dollars par jour. Elles ne payent donc plus leurs fournisseurs d'électricité. Et elles demandent que les tarifs soient augmentés. Il leur a été concédé par les pouvoirs publics une augmentation des tarifs de 9 % pour les particuliers et de 7 à 15 % pour les entreprises. Depuis cinq ans, les tarifs ont ainsi augmenté de 200 à 300 %.

Pourtant, au moment de la privatisation, ses partisans avaient peint un tableau idyllique : la mise en concurrence des compagnies allait faire tomber les prix, prétendaient-ils.

On en est maintenant à envisager de redonner ces compagnies d'électricité à l'Etat californien, qui voudrait s'occuper lui-même de la gestion notamment de l'eau et de l'électricité, en mettant sur la table 10 milliards de dollars. Et, pour sauver la mise des compagnies gestionnaires (Edison, Pacific Gaz & Electricity et San Diego Electric), qui voient actuellement leurs actions dégringoler à la Bourse de New York, l'Etat californien va mettre également la main à la poche et garantir les dettes des compagnies privées. Dame, il ne faut pas que les actionnaires perdent de l'argent, tandis que les habitants de la Californie sont plongés dans le noir.

Si tous les Etats nord-américains ne vivent pas la même situation, dans le reste du pays, les usagers ont pu constater que, par exemple, leur note de chauffage au gaz avait quadruplé rien que l'an dernier et on s'attend à des augmentations des factures de 40 à 50 % pour cette année. Rien que pour décembre dernier, la consommation de gaz naturel de chauffage (50 % du mode de chauffage des Etats-Unis) a augmenté de 20 % !

L'Etat californien envisage désormais de faire payer aux contribuables les pots cassés de ce que le gouverneur de cet Etat appelle le «colossal échec» de la privatisation de l'alimentation électrique. Il serait pourtant bien plus juste de se tourner contre les fournisseurs d'électricité qui, eux, ont été largement bénéficiaires de cette situation.

Ce sont en effet souvent des compagnies pétrolières, comme par exemple Enron Corp, qui ont vu leurs résultats nets multipliés par quatre rien qu'au cours d'un seul trimestre de l'année 2000. Ces dernières années, on estime même que leurs profits ont augmenté de 800 à 900 % !

Mais bien entendu, ce n'est pas le gouverneur de Californie, aussi Démocrate soit-il, qui a l'intention de s'en prendre en quoi que ce soit aux grandes entreprises. Sur ce terrain-là, il n'est guère différent des Républicains qui avaient applaudi des deux mains à la privatisation de la distribution de l'électricité. Les uns commes les autres sont là, au niveau fédéral comme dans chaque Etat, pour faciliter la vie des grandes entreprises, en les arrosant d'argent quand elles se lancent dans de nouvelles affaires, mais également quand celles-ci n'ont pas été aussi fructueuses que souhaité. Et tout cela, c'est la population qui le paye, d'une façon ou d'une autre. Avec maintenant, en prime pour certains, le «black-out».

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