Défense : Les budgétivores12/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1696.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Défense : Les budgétivores

Le ministère de la Défense est au service des industriels de l'armement : c'est ce que le ministre Alain Richard a voulu réaffirmer solennellement. Entre le 8 et le 29 décembre, il a en effet passé pour 31 milliards de francs de commandes. Deux navires transports de troupes seront construits, 300 chars AMX-10 seront rénovés, et surtout de nouveaux missiles seront mis en chantier : un missile d'interception aérienne, un missile nucléaire aéroporté et un missile nucléaire à longue portée pour les sous-marins stratégiques. Ce dernier à lui seul coûtera la modeste somme de 18,7 milliards de francs (pour commencer).

La plupart de ces commandes faisaient partie du budget 2000 mais avaient été retardées pour, nous dit-on, d'obscures raisons de gestion informatique. Les marchands de canons se plaignaient amèrement, depuis le début de l'année 2000, de la pingrerie de l'Etat. Voilà le rattrapage effectué à temps, avant le 31 décembre. C'était une tradition, dans les casernes françaises, de faire tourner à vide les véhicules en fin d'année, pour consommer tout le carburant et ne pas voir la dotation diminuée l'année d'après.

Avec ces commandes de dernière minute aux industriels, ce n'est pas du pétrole qui part dans l'atmosphère, mais des dizaines de milliards qui rejoignent des comptes déjà prospères.

Mais quand il s'agit de l'armée, le gouvernement ne compte pas. Pour justifier le passage à l'armée de métier, la droite en 1996 avait, entre autres arguments, invoqué une baisse des dépenses de personnel, qui permettrait de commander davantage de matériels. Or, la diminution du personnel revient au contraire plus cher. Non seulement on remplace des appelés qui ne coûtaient presque rien par du personnel bien payé et bénéficiant d'innombrables primes et indemnités, mais on verse de somptueux pécules de départ et de reconversion aux officiers surnuméraires. Ces gens-là n'ont pas besoin de faire grève pour avoir des indemnités convenables, à la différence de tous les ouvriers dont le patron veut fermer l'usine.

Même s'ils peuvent sembler concurrents et rivaux dans le partage du gâteau, le corps des officiers et les industriels de l'armement ont un intérêt commun - ce qui explique leurs liens étroits - à ce que le budget de la Défense soit le plus abondant possible : c'est sur lui qu'ils s'engraissent.

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