Le patronat à l’offensive contre les retraites29/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1694.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le patronat à l’offensive contre les retraites

Vendredi 22 décembre le MEDEF a claqué la porte des négociations avec les confédérations syndicales sur le régime des retraites complémentaires. Son porte-parole a déclaré que les patrons ne paieraient plus à partir de janvier 2001 leur part de cotisation qui servent à financer les organismes paritaires, AGIRC pour les cadres et ARRCO pour les autres salariés, qui assurent le paiement de ce complément important, environ 25 % du salaire brut, à la retraite de base financée, elle, par la Sécurité sociale. Si tel est le cas les réserves actuelles des deux organismes ne permettraient de payer les retraites complémentaires que jusqu'au 31 mars 2001.

Depuis l'institution de la retraite à 60 ans le patronat et les syndicats avaient mis sur pied l'Association pour la Structure Financière, l'ASF, qui assurait par le biais de conventions successives la prise en charge du complément nécessaire pour assurer le paiement des retraites complémentaires à taux plein, comme elle l'était auparavant, lorsqu'on prenait sa retraite à 65 ans. Les retraites complémentaires, devenues obligatoires depuis quelques dizaines d'années, ne sont pas calculées comme la retraite du régime général. Elles dépendent des points acquis tout au long de la vie du salarié, qui eux-mêmes dépendent non seulement des années de cotisations, mais du taux de cotisations payées par les entreprises qui peuvent être très différentes selon les entreprises. Dans les périodes dites fastes c'était pour certaines entreprises un outil de leur "politique sociale", surtout vis-à-vis de l'encadrement.

Aujourd'hui le patronat veut récupérer tout ce qu'il peut. L'ensemble des sommes qui se rapportent directement ou indirectement aux retraites et pensions (y compris celles des assurances) qui en découlent se montaient en France à plus de 1 100 milliards de francs pour 1999. Le patronat n'en assure le financement que d'une partie au travers de sa part de cotisations et encore. Mais même cette partie n'est, au bout du compte, que des salaires différés.

Le chantage du MEDEF à destination des confédérations syndicales se résume en ces termes : il se dit prêt à "reconduire" le système actuel à condition qu'à partir de 2004, progressivement, soit instituée une nouvelle règle, qui nécessitera 45 ans de cotisations pour que les retraites complémentaires soient à leur niveau actuel, à 60 ans. Cela aboutit à remplacer la retraite normale à 60 ans par la retraite à...70 ans pour ceux qui commenceront à travailler, donc à cotiser tardivement. C'est le corps, l'essentiel de la "réforme" proposée par le MEDEF, accompagné d'exigences annexes qui vont dans le même sens. Avec un humour déplacé le MEDEF avait intitulé ce projet le «PORC», par similitude avec le PARE. Mais il y a des fois où il faut limiter les provocations, et le «PORC» est reparti pour le moment.

On ne peut dire comment va se terminer le bras de fer entamé par le MEDEF. Peut-être espère-t-il une intervention du gouvernement, qui est probable si on en restait là, surtout qu'on est en période pré-électorale, les questions relatives à la retraite dans le passé ayant été un sujet pour lequel les travailleurs étaient mobilisés en masse. Cette intervention du gouvernement pourrait aboutir, comme souvent ces derniers temps, par la prise en charge par les fonds publics de quelques dizaines de milliards de francs de cotisations patronales. Pour l'instant le patronat joue les jusqu'auboutistes. Il a envoyé promener les syndicats qui proposaient, eux, que les baisses de cotisations chômage, de 0,5 %, qui viennent d'être décidés avec la mise en place de la nouvelle convention Unedic, soient reportées sur le financement des retraites complémentaires.

Aujourd'hui les organisations syndicales évoquent une riposte possible. Une telle riposte de l'ensemble des travailleurs, serait le seul langage que patrons et gouvernants pourraient comprendre.

Pour calmer les appétits d'un patronat arrogant et les atermoiements d'un gouvernement complice, il faudrait que la mobilisation soit à la hauteur des attaques patronales.

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