L’affaire des «disparues» de l’Yonne : Selon que vous serez puissant ou misérable...22/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1693.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L’affaire des «disparues» de l’Yonne : Selon que vous serez puissant ou misérable...

Il aura fallu plus de vingt ans pour qu'on obtienne les aveux d'un ancien chauffeur de car, responsable du meurtre de sept jeunes filles, handicapées mentales et sous tutelle de la Ddass. Elles avaient disparu entre 1977 et 1979.

Ce fait divers sordide soulève à juste titre l'indignation des familles des victimes et de l'opinion publique.

Ce qu'il y a de révoltant dans cette affaire, au-delà des faits eux-mêmes, c'est qu'en dépit des demandes réitérées des parents des victimes et des familles d'accueil, il aura fallu toutes ces années pour que la justice daigne de nouveau se pencher sur cette affaire.

Le fait que les victimes étaient toutes issues d'un milieu modeste, placées par la Ddass et handicapées mentales n'est pas sans rapport dans le peu de diligence des services des autorités et de la justice à l'égard de ces disparitions, rapidement considérées comme des fugues. Et quand une enquête a finalement été ouverte, elles n'ont pas fait preuve de beaucoup de zèle dans la recherche d'un coupable.

Le chauffeur avait bien été interrogé mais, à l'époque, les responsables de l'enquête s'étaient contentés de ses dénégations, alors qu'on apprend aujourd'hui qu'il a été en 1983 puis en 1989 condamné pour des affaires de viols et d'attentats à la pudeur sur mineure. Tout comme le directeur de l'institut, lui aussi condamné en 1992 à six ans de prison pour avoir abusé d'une jeune handicapée mentale. Enfin, même un rapport accablant pour le chauffeur, établi en 1984 par un gendarme chargé de l'enquête, fut classé sans suite.

Il aura fallu l'entêtement des familles et des associations qui les soutiennent pour qu'en 1996 la justice accepte, de mauvaise grâce, de relancer l'enquête qui vient d'aboutir. Comme l'a expliqué le président de l'Association de défense des handicapés de l'Yonne, «depuis des années, nous avons dû affronter le scepticisme et le mépris de toutes les institutions». Et c'est bien de cela qu'il s'agit : ce tragique fait divers illustre le mépris dont les autorités et la justice ont fait preuve à l'égard de gens démunis.

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