Chirac et les affaires : Drôles de missionnaires22/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1693.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac et les affaires : Drôles de missionnaires

Au moment même où Chirac faisait à la télévision son numéro de grand honnête homme, éclatait une «affaire» de plus l'impliquant : celle de ses «chargés de mission» à la Mairie de Paris. Deux ans d'enquête ont mis en évidence que, sur les 460 chargés de mission rémunérés entre 1988 et 1998, une trentaine au moins pouvaient être considérés comme des emplois fictifs.

Ce cadre des chargés de mission comprend certes des conseillers effectuant un travail avéré auprès du maire de Paris. Mais sa définition floue semble en avoir fait une sorte de caisse d'assistance aux amis du maire (il y aurait actuellement 695 chargés de mission auprès de Jean Tiberi). Les salaires, qui vont jusqu'à 25 000 F mensuels, ne sont pas fictifs, eux. Et certains les cumulaient avec un salaire versé par une autre mairie ou une administration.

Les bénéficiaires relèvent de plusieurs catégories bien définies. Il y a les «amis RPR de Corrèze» et qui continuent d'y résider ; les permanents détachés auprès de la Région Ile-de- France, de partis de droite ou de tel ou tel ministre, les députés et sénateurs au chômage entre deux mandats ; et surtout les membres de la famille de ministres ou de personnalités politiques (par exemple les épouses de Charrette et Perben, les fils Lecanuet et Dominati, les nièces de Balladur et Pasqua) ; sans parler d'un certain nombre de sportifs de niveau international.

Interrogés sur leurs tâches précises, tous ces honnêtes gens restent dans le vague : il s'agissait de missions de réflexion, de contact, de conseil, produisant surtout des rapports et communications oraux, à la rigueur des notes, mais manuscrites et non archivées. Ils ont aussi tendance à perdre la mémoire en ce qui concerne leur contrat, le bureau que certains disent avoir occupé, leurs collègues de travail.

Quant aux archives de la mairie, elles ont parfois livré des renseignements du genre : «Ne pas passer au fichier», «ne pas passer l'information en machine». Plus éloquent qu'un aveu !

Chirac prétendra sans doute que tout ce beau monde émargeait à la Mairie «à l'insu de son plein gré». Pas étonnant qu'il n'ait été au courant de rien, vu le nombre de conseillers bidon peuplant le vide de ses bureaux.

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