Aluminium Péchiney Gardanne (13) - Accidents du travail : Régime «Péchiney» et régime «extérieurs»22/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1693.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aluminium Péchiney Gardanne (13) - Accidents du travail : Régime «Péchiney» et régime «extérieurs»

A la porte de l'usine Péchiney de Gardanne, un panneau proclame que l'on en est, pour la première semaine de décembre, à 800 jours sans accident pour le personnel Péchiney et à 40 pour le personnel des entreprises extérieures.

Or dans l'usine travaille à peu près autant de personnel des entreprises extérieures que de personnel embauché. Les «opérateurs» (c'est-à-dire les ouvriers) Péchiney contrôlent le fonctionnement des installations, assurent les consignations et déconsignations des mécanismes à entretenir.

Les travailleurs des entreprises extérieures assurent des travaux autrefois exécutés par des «Péchiney» : nettoyage, chaudronnerie, tuyauterie, mécanique, usinage, électricité.

Bien souvent ils sont nouveaux, car les entreprises et leur personnel tournent beaucoup. Ils ne connaissent pas l'usine et ses dangers. Leur formation à la sécurité dans l'usine est brève et théorique. Or l'usine d'alumine (l'aluminium lui-même se faisant ailleurs), ce sont des citernes énormes, dont certaines datent du plan Marshall au lendemain de la guerre, des kilomètres de tuyauteries transportant de la bauxite ou de l'alumine dissoutes dans la soude et la chaux, des kilomètres aussi de bandes transporteuses, des fours à calcination, etc.

Tout cela est d'autant plus dangereux que c'est mal entretenu en raison des plans d'économies successifs de la direction. Par exemple, les racleurs des bandes transporteuses fonctionnent mal et ce qui en tombe finit par s'entasser et les bloquer.

Un ouvrier d'entreprise extérieure peut ignorer, par exemple, que telle manche, qui avait été branchée sur de l'air, est maintenant branchée sur de la soude, s'en saisir, la faire fonctionner avant d'avoir réalisé quel est le produit qu'elle envoie sous pression. Elles peuvent être branchées sur de l'air, de l'eau, de la vapeur pure, de l'eau faiblement sodique à 90 ° de température. Mais le repérage de tout cela commence juste à être mis en place.

Le plus dangereux c'est lorsqu'il doit assurer un dépannage : une confusion sur la consignation n'est pas impossible. Une intervention sur les engrenages de four est dangereuse ; celle sur les tubes de 100 m de long, acrobatique.

Il y a des brûlures, les câbles électriques qui coupent les mains des électriciens, et même les mobylettes maison pour aller d'un secteur à un autre sont dangereuses, car elles sont fort mal entretenues. Elles ne servent en fait qu'au personnel des entreprises extérieures, et le dernier accident en date vient de cela : le guidon d'une mobylette s'est cassé pendant qu'elle roulait.

Le nombre de jours affiché par la direction est d'ailleurs faussé aussi pour le personnel Péchiney car celui-ci est vivement incité à ne pas se déclarer en accident. On vient alors à l'usine dans un poste dit «aménagé», où on ne nous demande de faire que ce qu'on peut faire dans notre état. Et voilà comment on aménage les statistiques chez Péchiney !

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