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Dans le monde
Russie : On n’est jamais trop prudent...
La Douma vient d'entériner en première lecture ce qui avait été le premier oukase de Poutine, en tant que président de la Fédération de Russie. En effet, dès le lendemain de son élection, il avait accordé une totale amnistie judiciaire et politique à son prédécesseur, Eltsine, serré de près par la justice, à l'étranger aussi bien qu'en Russie, pour de multiples affaires, dont d'énormes détournements de fonds.
Le projet de loi présenté à la Douma reprend les termes de cette amnistie (d'ailleurs concernant aussi l'entourage d'Eltsine), mais il prévoit qu'elle s'appliquera désormais à tout président ayant quitté ses fonctions. C'est tellement énorme que le président de la Commission des lois de la Douma a déclaré dans la presse : «Quel homme politique doué de raison voudrait essayer d'obtenir une amnistie par avance s'il ne s'apprêtait pas à enfreindre la loi ?».
Comme si cela pouvait s'appliquer à un Poutine dont la carrière (non pas d'obscur agent des services secrets mais de politicien) a pris son envol à Saint-Petersbourg quand, juste après la fin de l'URSS, il était adjoint au maire de la seconde ville de Russie, chargé notamment de couvrir mille et un trafics à l'exportation, et qu'il s'est alors enrichi en liaison avec toute une partie du monde de la bureaucratie et des parvenus des affaires en Russie! Comme si les députés de la Douma ne le comprenaient pas, même quand ils feignent d'être choqués, eux qui tiennent comme à la prunelle de leurs yeux à l'immunité dont ils disposent, qui fait que nombre de gangsters russes avoués et reconnus n'échappent aux poursuites et à une condamnation que grâce à leur mandat de député... Pas étonnant que la Douma absolve Poutine par avance, elle attend de lui qu'il ne touche pas à sa propre immunité parlementaire.