Israël : Jeux politiciens et réalité de la répression15/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1692.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Jeux politiciens et réalité de la répression

C'est paraît-il un bon «coup» qu'aurait fait Barak en démissionnant de sa fonction de Premier ministre et en provoquant ainsi de nouvelles élections en Israël dans les soixante jours. En effet, dans ce cas de figure seulement, les prétendants au poste vacant doivent obligatoirement être membres du Parlement, ce qui n'est pas le cas de Benyamin Nétanyahou, qui apparaît comme le principal adversaire de Barak. Nétanyahou, crédité dans les sondages de 50 % des suffrages contre seulement 34 % à Barak, avait tout à la fois démissionné de son poste de responsable du Likoud et rendu son mandat de député après sa défaite électorale en mai 1999. C'est ce qui le met aujourd'hui dans une position difficile pour pouvoir légalement se présenter.

Reste que la droite israélienne ne manque pas de candidats et Sharon, auteur de la provocation par laquelle la seconde Intifada a débuté, est déjà sur les rangs. Ses supporteurs ont même commencé à placarder des affiches où l'on peut lire : «Seul Sharon amènera la paix».

C'est fou comme semble-t-il l'idée de paix risque maintenant de fleurir dans les discours des politiciens israéliens qui se présenteront devant les électeurs. Barak aussi ne jure que par elle. C'est d'ailleurs, a-t-il déclaré, pour accroître les chances de reprendre les négociations de paix qu'il a décidé de demander à nouveau la confiance du peuple. Mais que n'a-t-il profité de sa présence au pouvoir pour faire aux Palestiniens les concessions sans lesquelles tous les gouvernants israéliens savent très bien qu'aucune paix n'est possible ?

En tout cas, entre temps, que l'idée de paix fasse ou non recette auprès d'une majorité d'électeurs, ce seront les chars et autres hélicoptères de combat qui continueront d'agir, peut-être plus encore qu'aujourd'hui. Le scénario est du reste classique et a été maintes fois subi par les Palestiniens, en particulier à la veille de l'élection de Nétanyahou, alors opposé au travailliste Pérès. Ce dernier, présenté par certains comme une «colombe», n'avait pas hésité, pour s'attirer les bonnes grâces d'une fraction de l'électorat de droite, à lancer l'opération «Raisins de la colère» au Liban, qui fit plus de cent morts.

Tout cela, la population palestinienne le sait fort bien, elle qui vit tous les jours la réalité de la politique des gouvernants israéliens à son encontre, qu'ils soient de droite ou se disent de gauche.

Vendredi 9 et samedi 10 décembre étaient deux jours «ordinaires» dans les Territoires occupés. Dix personnes ont été tuées, plusieurs dizaines d'autres blessées. Des colons en colère s'en sont pris à des familles palestiniennes à Hébron, expulsant une famille de son habitation et blessant gravement d'une balle au ventre un jeune de treize ans. Dans la soirée un char israélien a tiré sans sommation quatre obus à l'entrée nord de la ville de Jenine, tuant cinq personnes. En fin d'après-midi l'esplanade des Mosquées de Jérusalem a été le théâtre d'affrontements, jets de pierre contre tirs de balles : un jeune Palestinien de seize ans a été tué, onze autres ont été blessés. Le lendemain, on n'a officiellement dénombré qu'un seul mort palestinien tué par des tirs de l'armée israélienne...

Pendant que Barak se livre à ses jeux politiciens, c'est comme toujours l'action de l'armée et des colons qui montre le vrai visage de la politique israélienne ; une politique qui ne peut que continuer à soulever la révolte, de plus en plus profondément, au sein de la population palestinienne.

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