Vendredi 8 décembre, les trois syndicats CGT, CFDT et FO du CHU de Clermont-Ferrand appelaient toutes les catégories du personnel à faire grève et à manifester en ville jusqu'à la mairie (le maire est président du conseil d'administration du CHU) pour réclamer plus de postes et mettre les élus devant leurs responsabilités.

La dégradation des conditions de travail

Depuis plusieurs mois, des mouvements de protestation ont éclaté dans de nombreux secteurs, dont la cause est toujours le manque d'effectifs. On l'a vu de semaine en semaine, que ce soit en pédiatrie, à la maternité, à la radio, à la crèche, chez les ambulanciers, ou parmi le personnel de nuit de chirurgie digestive qui a fait une semaine de grève en septembre pour obtenir un deuxième poste d'infirmière.

Depuis une quinzaine de jours, c'est un autre service de gastro-entérologie, le troisième médecine, qui est en grève pour des effectifs supplémentaires : la charge de travail a considérablement augmenté, notamment avec la reprise des greffes hépatiques, interrompues pendant plusieurs années pour raisons budgétaires...

Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Solidarité et de l'Emploi, Elisabeth Guigou, distribuée sous forme de tract à l'ensemble de CHU, par le personnel du troisième, soutenu par la CGT, on y dénonce les conséquences graves du «sous-effectif» permanent. Pour exemple les infirmières de ce service ont 500 heures supplémentaires depuis le début de l'année...

Suite à diverses actions, lettres, pétitions, délégations, A.G., la direction a cherché à gagner du temps en proposant des «solutions» de replâtrage provisoire : par exemple prélever sur l'équipe de roulement au détriment d'autres services, organiser audits et autres études de tâches dont le résultat revient toujours à nous reprocher d'être «mal organisés», jusqu'à accuser la surveillante générale du secteur de mal savoir gérer l'équipe de roulement... laquelle a été réduite comme une peau de chagrin.

Mais quand, suite à la dernière étude de tâches effectuée au troisième gastro, qui a conclu à un sous-effectif réel, la direction a annoncé au personnel que cette étude ne servait à rien car il faudrait maintenant attendre qu'elle soit effectuée dans tous les services du CHU... Le service s'est mis en grève!

Et même si les autres services n'ont pas emboîté le pas, ce mouvement est perçu partout avec sympathie. D'autant que la direction ne cache pas son intention de prélever du personnel dans d'autres services pourtant guère mieux lotis...

Les responsabilités de la direction et des élus

Côté directeur, la réponse est toujours la même chanson : «Je n'ai pas d'argent», il reconnaît lui-même qu'il en est à décider des économies de bouts de chandelle tous azimuts. Par contre, il n'hésite pas à menacer le personnel en grève.

Au dernier conseil d'administration, où le personnel du troisième gastro est venu faire connaître ses revendications, le budget du CHU n'a pas été voté. Le directeur de l'ARH vient d'annoncer que le ministère de la Santé accorde une rallonge de 15 millions de francs, soit à peine 10 % des besoins estimés par tous, et cela, pour tous les établissements de la région Auvergne.

C'est la foire d'empoigne pour se disputer cette somme scandaleusement insuffisante. Le sénateur-maire socialiste de Clermont-Ferrand, qui en est le président, souhaite surtout obtenir plus pour le CHU au détriment des autres hôpitaux du département (Thiers, Riom, Ambert, Issoire). Il l'a confirmé à la délégation intersyndicale lors de la grève du 8 : ce n'est pas l'insuffisance de l'enveloppe budgétaire qu'il conteste, mais sa mauvaise répartition.

On voit que la misère des hôpitaux n'est pas qu'une formule. Le budget du CHU clermontois est en déficit. Mais le personnel en a assez d'en subir les conséquences tant sur ses conditions de travail que pour les malades.

La colère monte et il faut souhaiter que les réactions s'amplifient et surtout s'unifient. Dans l'immédiat, le personnel de gastro est bien décidé à obtenir satisfaction et il vient de reconduire son mouvement de grève pour une semaine.