Renault : L’entreprise assigne ses salariés-locataires en justice01/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1690.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : L’entreprise assigne ses salariés-locataires en justice

Jeudi 30 novembre se tient le premier procès de Renault contre les locataires des appartements d'Arcueil dans le Val-de-Marne appartenant à la société automobile et gérés par sa société, la SIRHA, appartements qu'elle louait jusque-là aux salariés de Renault dans le cadre du 1 % patronal.

Si la SIRHA assigne ces salariés de Renault habitant dans les immeubles qui lui appartiennent, c'est que Renault a décidé de leur imposer un nouveau bail, en augmentation de 90 % sur 6 ans, et, s'ils refusent de les expulser. Et cette mesure ne concerne pas seulement les locataires d'Arcueil mais nombre des propriétés de Renault, qui se montent en tout à 1 600 logements.

Il y a procès parce que les locataires d'Arcueil ont décidé de s'organiser pour contester et refuser les « propositions » ou plutôt les injonctions de la SIRHA. Jusque-là tous les moyens ont été bons pour la SIRHA afin d'impressionner, de faire peur, et donc de faire reculer les locataires : courriers comminatoires, lettres d'huissier intitulées « congé donné par le bailleur » et sous-entendant que le locataire va être bientôt expulsé, pressions de toutes sortes, retard de jugement pour tenter de convaincre le locataire de céder et finalement coupure de l'eau chaude et du chauffage en plein mois de novembre. Bien sûr, il est possible que ce soit par incompétence que la SIRHA ait décidé de changer les radiateurs à l'entrée de l'hiver, ou encore par inconscience. Mais il est aussi bien possible que le but soit d'écoeurer les locataires en leur imposant l'eau froide et en les obligeant à acheter des chauffages électriques d'appoint avec la généreuse indemnité de... 700 F alors qu'on ne sait même pas quelle sera la durée des travaux. Interpellée, la direction de Renault n'a d'ailleurs pas été capable d'en dire plus ni d'expliquer ce choix de date pour ces travaux.

En tout cas, rien n'a changé sur le fond de l'affaire, c'est-à-dire la volonté de la direction d'imposer des augmentations de loyer de façon brutale et arbitraire. La justification que donne la direction est l'alignement sur des prétendus niveaux moyens des loyers dans la région concernée.

Bien entendu, la SIRHA a bien choisi ses références. Elle considère ainsi qu'il est normal de demander par exemple à un salarié de Renault Choisy qui gagne 9 000 F et a trois enfants un loyer de 7 439 F par mois! Il y a certainement quelque chose qui ne colle pas : le salaire ou le loyer... ou les deux! En tout cas les locataires se sont renseignés et ont trouvé que les loyers moyens du voisinage ne correspondent nullement aux augmentations de 90 % que projette la SIRHA, même si les logements que proposaient auparavant Renault étaient à loyer modéré vu qu'ils étaient réalisés dans le cadre du 1 % patronal.

Des locataires ont donc maintenu leur refus des demandes inadmissibles de Renault malgré les pressions de toutes sortes, comme les procès, malgré les exigences exorbitantes de la SIRHA à cette occasion : augmentation de bail de 90 %, exigence de paiement des provisions, paiement de 5 000 F de pénalités et en plus des dépens du procès, rien que ça!

Nous ne connaissons pas à l'heure où nous écrivons les résultats du premier procès mais il est certain que nombre de locataires sont bien décidés à mener cette lutte jusqu'au bout. Et il est important qu'un trust comme Renault, qui tient tant à son image de marque, reçoive la plus grande publicité possible de la politique de logement qu'il mène : une politique d'arnaqueur à grande échelle et de marchand de sommeil!

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