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Leur société
Congrès du PS : Une gauche de pacotille
Le Congrès du Parti Socialiste s'est terminé sans qu'ait été réalisée une « synthèse », c'est-à-dire le rassemblement autour d'une motion commune entre les différentes tendances. La majorité, regroupant les partisans de Jospin, Fabius et Rocard, a recueilli 72,94 % des votes, alors que parmi les deux courants minoritaires, celui mené par Emmanuelli, en recueillait 13,78 %, et celui dit de « la Gauche Socialiste » dont les têtes de file sont Julien Dray et Jean-Luc Mélanchon, 13,28 %.
Le fait même que les protagonistes de ces courants aient évoqué la possibilité d'une synthèse avec la position majoritaire, qui regroupe entre autres, les ministres socialistes, suffit à montrer les limites de ces oppositions, du moins en ce qui concerne leurs responsables, dont l'ambition majeure est, sinon d'être le calife à la place du calife, du moins de faire partie de son entourage rapproché. Pour Mélanchon, qui occupe un poste aux côtés de Lang, cet objectif est d'ores et déja, réalisé.
On a bien du mal à discerner ce qui distingue, même verbalement, les majoritaires des minoritaires, tant il est de règle, au sein des partis sociaux-démocrates, de dire tout et son contraire, sans que ce qui est dit engage qui que ce soit. Néanmoins les minoritaires ont voulu donner à leurs motions une tonalité plus « gauche ». Etant donné la politique de Jospin, ça n'est pas bien difficile! Ils reprochent respectueusement au gouvernement de ne pas aller assez loin sur les questions sociales, et souhaiteraient, disent-ils, une politique qui apparaisse plus favorable aux intérêts de la population. Ainsi, pour preuve de ses préoccupations, Emmanuelli critique la politique d'austérité du gouvernement, déclarant que « le montant de la feuille de paie n'est pas l'ennemi de l'emploi ». Jospin lui a d'ailleurs répondu que loin de lui une telle intention, tout en continuant imperturbablement à privilégier les comptes en banque des riches. Mais Emmanuelli, pour ne prendre qu'un exemple, ne pousse pas l'audace - verbale - jusqu'à chiffrer la revalorisation des salaires qu'il estime nécessaire et encore moins dire dans quelles poches prendre l'argent.
La « Gauche Socialiste » n'est pas plus hardie, quand elle n'est pas tout bonnement flagorneuse. Ainsi ces propos de Jean-Luc Mélanchon, qui décerne un satisfecit enthousiaste à la politique de Jospin. Il s'est félicité que cette politique « nous ait ramenés sur le chemin du plein emploi, ce flambloyant printemps des peuples »! Les deux millions de chômeurs recensés, les millions de salariés précaires n'ont pas dû s'apercevoir de ce printemps. Mélanchon est manifestement dopé par sa nomination au gouvernement, comme sous- ministre de l'Enseignement professionnel. Mais cela n'excuse pas tout.
Alors à quoi peuvent bien servir ces oppositions, par-delà les ambitions politiciennes de ceux qui en sont les porte-parole ? A pas grand-chose, sinon à développer l'illusion que le PS pourrait s'ancrer à gauche. Il fut un temps où c'était Chevènement et le CERES qui avaient choisi un tel positionnement. On a pu voir ce qu'il en était. Les discours des Emmanuelli, Dray, Mélanchon et compagnie peuvent peut-être encore duper un certain nombre de militants et de sympathisants du PS. Mais sans doute de moins en moins.