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Dans les entreprises
Les morts de la CPCU
Quatre ouvriers ont été tués et neuf autres blessés, dont certains très grièvement, le mercredi 15 novembre vers 18 h 50, dans le nord de Paris. Une conduite de chauffage de la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) a laissé passer un énorme geyser de vapeur qui a brûlé les malheureux.
Le 7 juillet dernier déjà, un pompier avait été tué alors qu'il intervenait lors d'un accident sur une conduite de la CPCU, et il y avait eu 22 blessés.
Entreprise d'un demi-millier de salariés, la CPCU produit et canalise de la vapeur d'eau pour chauffer immeubles, bureaux et équipements publics divers. Elle fabrique, ou achète à d'autres entreprises, cette vapeur d'eau qui est produite, d'une part par la combustion des ordures ménagères et d'autre part par des centrales thermiques brûlant surtout du gaz naturel. Elle possède un réseau souterrain de 400 kilomètres sous Paris et la proche banlieue, où la vapeur d'eau circule sous d'énormes pressions (5 à 20 bars, et même 22 bars selon la presse lors du dernier accident, c'est-à-dire environ 30 fois la pression atmosphérique) et souvent à plus de 200 degrés.
On ne connaît pas les circonstances exactes du dernier accident. Il s'agissait de mettre en route une conduite neuve de gros calibre. Des ouvriers s'affairaient autour. La conduite a alors lâché, pour une raison que l'on ne connaît pas. Les ouvriers qui étaient au fond sont morts. La vapeur a ensuite jailli par un puits d'accès technique de 25 mètres de profondeur. Au passage, elle a tué un ouvrier et en a grièvement blessé un autre, qui se trouvaient dans des galeries à mi-hauteur. Au niveau du sol le geyser a encore brûlé huit autres ouvriers. Et un brouillard très épais a envahi les environs.
Lors de l'accident précédent du 7 juillet, on sait ce qui s'est passé : suite à un violent orage, un mouvement de terrain sur un chantier avait provoqué la rupture d'une canalisation de vapeur. Mais la vapeur a continué à circuler et s'est accumulée dans une poche souterraine. Lorsque les pompiers sont intervenus, une explosion s'est produie et l'un d'eux a été victime d'une masse de débris qui l'a écrasé et de la vapeur qui l'a brûlé.
Il est donc évident que cette circulation de vapeur d'eau souterraine est extrêmement dangereuse. Et cela d'autant plus qu'il n'existe pas de vannes-interruption automatique, qui permettraient, en cas de baisse de pression accidentelle, de couper immédiatement l'arrivée de vapeur. Cela n'aurait probablement pas empêché le dernier en date des accidents, mais en aurait peut-être limité la gravité, et en tout cas cela aurait évité celui de juillet dernier.
Il faut savoir que, même pour les conduites de Gaz de France, ce procédé de vannes-interruption automatique n'est utilisé que depuis quelques années et n'équipe donc qu'une faible partie du réseau. En cas d'arrachage accidentel d'une conduite de gaz, par une pelleteuse par exemple, le gaz continue d'arriver...
De toute manière la CPCU, filiale de la Lyonnaise des Eaux- Dumez pour les deux tiers du capital, avec participation de la Ville de Paris pour le tiers restant, ne privilégie pas la sécurité et fait passer son expansion et ses profits avant le reste. Elle se dit fière de son extension à l'étranger, aux USA et, au Canada notamment. Elle ne se conçoit pas comme un service public et bien qu'elle prétende avoir fait toutes les vérifications nécessaires avant la catastrophe, c'est la peau des ouvriers qu'elle risquait et pas celle des directeurs.
Une nouvelle fois des travailleurs sont morts pour le profit.