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Leur société
Quand l’armée française torturait en Algérie
Un témoignage de Louisette Ighilahriz, ancienne militante du FLN torturée à Alger en 1957, publié par le journal Le Monde le 20 juin dernier, a rappelé à l'opinion française les exactions, dont des tortures, commises par l'armée et la police françaises entre 1954 et 1962 durant ce qu'on appelait alors "les événements d'Algérie". Le général Bigeard s'est contenté de nier et de qualifier ce témoignage de "tissu de mensonges". Pourtant, de longue date, la cause est entendue.
Dès 1957, des témoignages de soldats du contingent affectés en Algérie commencaient à paraître dans quelques journaux, faisant état des sévices, des tortures et des exécutions sommaires dont étaient victimes non seulement des combattants de l'ALN mais aussi de simples paysans algériens, raflés au cours d'opérations de "ratissage". «Au camp de Tablat, il y a en moyenne cent-cinquante internés que l'on questionne ; courant de magnéto aux parties et aux oreilles», écrit l'un d'eux... Pour la publication de ce témoignage, L'Humanité fut saisie !
Jamais les autorités françaises ne reconnaîtront ces faits. Mieux, les gouvernements successifs, de gauche d'abord et de De Gaulle ensuite, les nieront, couvriront leurs auteurs, feront saisir les rares journaux et les quelques livres les dénonçant. Aujourd'hui, près de quarante ans plus tard, les médias sont beaucoup plus diserts. Des journaux, des émissions de télévision donnent la parole à des victimes et à des témoins. Des politiciens en vue consentent à prononcer quelques paroles de compassion.
Qu'un peu de lumière soit faite sur les crimes passés de l'armée française commis pour la défense des intérêts de la classe possédante, c'est bien sûr tant mieux, car cela peut contribuer à permettre aux opprimés de prendre conscience de qui sont leurs ennemis et des moyens ignobles qu'ils peuvent utiliser pour écraser toute lutte émancipatrice, même à quarante ans de distance. Mais il faudrait aussi que pour les crimes actuels, commis au Rwanda ou ailleurs, il n'y ait pas à attendre quarante ans !