- Accueil
- Lutte ouvrière n°1688
- Afrique du Sud : L’apartheid, ce n’est pas fini !
Dans le monde
Afrique du Sud : L’apartheid, ce n’est pas fini !
La diffusion d'un documentaire mardi 7 novembre par la chaîne de télévision sud-africaine SABC a montré que l'apartheid n'était pas aboli dans toutes les têtes. Ce documentaire amateur datant de janvier 1998 montrait en effet six policiers blancs en train d'exercer leurs chiens sur des suspects noirs. L'émotion soulevée par les images a été suffisamment grande pour que ces policiers afrikaners, d'une unité située à l'est de Johannesburg, se retrouvent sous les verrous aujourd'hui.
Les Noirs en question étaient des immigrés mozambicains et sans papiers qui furent emmenés sous ce prétexte en rase campagne où ils servirent d'appâts vivants pour l'exercice des chiens policiers.
Les responsables de cette police accusent les "mauvais éléments" de la police, qui seraient l'exception parmi une "majorité d'officiers loyaux et dévoués".
Mais la violence des forces de police, en particulier contre les immigrés africains, clandestins ou pas d'ailleurs, n'est pas exceptionnelle. Le journal Libération du 11-12 novembre le rappelait en citant l'exemple de ce Congolais dont le frère fut arrêté par les agents sud-africains il y a trois ans et qui a disparu depuis. Le "Centre des études sur la réconciliation et la violence", le CSVR, organisme sud-africain, explique que ce serait même plutôt la norme. Ainsi le 3 novembre dernier, des policiers blancs de Pietersburg, dans le Nord, auraient lâché leurs chiens sur des personnes surprises en train de fouiller une décharge. Il y aurait eu, en 1998, 607 cas de personnes tuées par la police, et 5 000 plaintes !
Le régime de l'apartheid a pendant quarante ans institutionnalisé la ségrégation raciale. Il fut aboli officiellement en décembre 1993, avec entre autres la fin de l'ancien Parlement ségrégationniste. Mais il reste dans l'appareil d'Etat des policiers blancs tout aussi racistes que ceux d'il y a sept ans. Certains, d'ailleurs, étaient déjà dans la police, sélectionnés sur la base de la haine raciste et de l'impunité dans son exercice. Et puis, dans cette "nouvelle" Afrique du Sud, les Noirs pauvres ont peut-être le droit de vote ; il y a peut-être, comme on nous l'a montré à la télévision, des policiers noirs, des officiers de police noirs. Mais l'oppression sociale qui s'est toujours superposée à l'oppression raciale est toujours là. Les mineurs noirs travaillent toujours à la mine et les pauvres des pays africains limitrophes tentent toujours de venir travailler dans ce pays le plus industrialisé d'Afrique. Les membres de cet appareil d'Etat de la bourgeoisie sont, comme ceux de tous les autres appareils d'Etat bourgeois, dressés à agir contre les pauvres. Et souvent tous les moyens sont bons.