Sommet de la "gauche plurielle" : Pas de quoi avoir le vertige10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet de la "gauche plurielle" : Pas de quoi avoir le vertige

C'est donc sans surprise qu'on a pu constater que le sommet de la gauche avait accouché d'un souriceau. On peut même dire qu'il s'agit d'un souriceau virtuel, car les vagues et timides allusions à l'amélioration du sort de la population laborieuse ne sont pratiquement jamais chiffrées, et la plupart du temps, on a pris soin de ne pas en préciser l'échéance. Et quand elles le sont, elles sont dérisoires.

Ainsi par exemple, quand cette gauche plurielle se propose de revaloriser les minima sociaux, elle se fixe pour objectif de " dépasser progressivement le niveau du seuil de pauvreté ". Vouloir dépasser le seuil de pauvreté, quelle hardiesse, mais qui ne va pas jusqu'à la témérité. Car il s'agit d'atteindre cet ambitieux objectif " progressivement " ! Pas de précipitation donc.

On retrouve la même prudence en ce qui concerne les salaires. " De nombreuses mesures en faveur du pouvoir d'achat des ménages ont déjà été prises depuis 1997 ", lit-on dans la longue déclaration issue de ce sommet, d'autant plus longue qu'elle est vide. Quelles mesures ? Et comment vont-elles se traduire pour ceux qui se trouvent au bas de l'échelle ? Motus. Même silence en ce qui concerne le chiffrage de ce qui correspondrait à une véritable redistribution de la croissance. Seule la revalorisation du SMIC est chiffrée, pour féliciter le gouvernement d'avoir prévu son augmentation de 3 % pour janvier 2001. Et comble de l'audace, il est même envisagé de mettre en place un mécanisme qui lie l'augmentation du SMIC qui tienne compte de la croissance. Mais, à la place d'un système compliqué qui n'est d'ailleurs pas défini et qui, s'il voyait le jour, ne permettrait, au mieux, d'augmenter le SMIC que de façon insignifiante, pourquoi ne pas utiliser comme référence pour le calcul des augmentations du SMIC, mais aussi de l'ensemble des salaires, les profits des grandes entreprises ? On aboutirait alors à des chiffres, bien plus conséquents que les 3 % dont se glorifient le gouvernement et ses acolytes de la gauche plurielle. Rien qu'en s'en tenant aux profits annoncés par les grandes sociétés françaises, cela signifierait, ni plus ni moins, le doublement des salaires, puisque, dans la plupart des cas ces profits ont, en six mois, atteint les niveaux de profit obtenus durant toute l'année passée.

Mais comme deux précautions valent mieux qu'une, François Hollande a tenu à préciser, en aparté, selon l'Humanité du 8 novembre " qu'il ne s'agit pas que cette déclaration soit une injonction adressée à Jospin et à son gouvernement ", et que son contenu devrait être " entendu par Matignon ", il devait s'inscrire " dans un calendrier dont il est maître ". Une manière de rappeler que, de toute façon, cette taupinière qui se qualifie de sommet n'engage en rien le gouvernement. Précision superflue, car on sait que quand Jospin fait des promesses, y compris à ses partenaires, il ne les tient pas.

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