Proche-Orient : Israël et son tuteur américain10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Israël et son tuteur américain

Depuis plus de six semaines maintenant, depuis qu'a débuté le 28 septembre dernier le soulèvement de la population palestinienne, chaque jour apporte son lot de victimes. Un bilan - malheureusement provisoire - établi par l'agence France-Presse fait état de plus de 180 morts et plusieurs milliers de blessés, quasiment tous Palestiniens.

C'est avec des moyens lourds, lance-roquettes, chars et parfois même hélicoptères de combat, qu'intervient l'armée israélienne contre une population sans défense. Et pourtant, quelle que soit la disproportion des forces, entre d'un côté une armée moderne considérée comme la plus puissante du Proche et du Moyen-Orient et de l'autre des gamins palestiniens ne possédant pour toute arme que pierres et frondes, ce sont ces derniers qui sont accusés d'être responsables de la violence. C'est dérisoire, mais c'est surtout vouloir oublier que la violence qui touche ce bout de Proche-Orient est d'abord à rechercher du côté de l'Etat israélien. Car tout de même, n'est-ce pas lui qui a chassé les Palestiniens de leurs terres ? N'est-ce pas lui qui tolère l'implantation des colonies juives de peuplement, réduisant les villages palestiniens autonomes à quelques confettis sous surveillance totale de l'armée israélienne ?

Et paradoxalement, ce sont ceux qui se battent avec des moyens dérisoires qui se font craindre, simplement parce que, leur combat ne faiblissant pas, il peut rencontrer la sympathie active de tous les opprimées et pauvres de la région.

Dans ces conditions, bien des rencontres sont ou seront avec comme unique objectif celui de désamorcer la colère du peuple palestinien.

Et Clinton, qui veut, dit-on, terminer son mandat sur un succès diplomatique, a une nouvelle fois convié séparément Barak et Arafat. Mais il n'y a strictement aucune chance que cela aboutisse à quoi que ce soit de sérieux, d'autant que les ambitions américaines sont limitées. Si Clinton obtenait la présence de quelques observateurs en Cisjordanie et à Gaza, comme il en existe déjà à Hébron, cela lui suffirait pour plastronner.

Ces rencontres participent à toute cette hypocrisie qui veut faire croire que les représentants de l'impérialisme tiennent une balance égale entre Israéliens et Palestiniens, alors que dans la réalité ils appuient l'Etat d'Israël, au point que certains ont pu dire, sous une forme imagée, qu'Israël était le 51e Etat de la fédération américaine.

Les Etats-Unis ont toujours fait montre d'une sollicitude sans borne à l'égard de leur protégé israélien. Certes, les gouvernants américains aimeraient bien qu'une normalisation s'instaure dans les relations entre Israël, les pays arabes et les représentants palestiniens. Ils ont même parfois été irrités par l'attitude des dirigeants israéliens. Mais c'est rarement qu'ils ont exercé des pressions sur les Israéliens pour qu'ils modifient, même dans la forme, leurs relations avec les Palestiniens.

Ce fut le cas lors de la guerre du Golfe, quand l'Etat hébreu pouvait craindre de ne pas avoir la même position de partenaire privilégié des Etats-Unis dans la région. La Syrie s'était alors rangée aux côtés de la coalition occidentale. L'impérialisme US a fait pression pour que l'armée israélienne n'intervienne pas dans ce conflit. Au même moment, les USA utilisaient la pression économique sur l'Etat israélien en suspendant leurs garanties pour l'obtention d'un prêt important. C'est cette petite pression qui a poussé le gouvernement israélien à accepter de participer, sur la pointe des pieds il est vrai, à la conférence de Madrid de 1991 où pour la première fois les autorités israéliennes rencontrèrent des représentants palestiniens. Il faut dire qu'à cette époque cela faisait presque cinq ans que l'armée israélienne ne parvenait pas à se sortir du guêpier de la première Intifada.

Mais deux ans plus tard, après qu'Arafat eut accepté de mettre fin à l'Intifada, moyennant la reconnaissance d'une vague autonomie, la situation est redevenue plus " normale " pour les Etats-Unis qui de nouveau ont tout accepté de la part de l'Etat d'Israël.

C'est dire que si une chose peut contraindre les Etats-Unis à exercer une pression sur leur protégé, c'est la crainte que la révolte de la population palestinienne ne puisse être maintenue et devienne un exemple pour d'autres peuples de la région.

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