Porcelaines Bernardaud Limoges : Grève pour les salaires10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Porcelaines Bernardaud Limoges : Grève pour les salaires

Bernardaud emploie 400 personnes sur deux sites, un à Limoges (où il y a 10 intérimaires) et un à Oradour-sur-Glane (où il y a 40 intérimaires).

La grève a éclaté il y a deux semaines, mardi 25 octobre, à l'usine de Limoges, suite à une altercation avec un chef. Aussitôt les décalqueuses arrêtaient le travail, suivies bientôt par le reste du personnel ouvrier. Vendredi 27, l'usine d'Oradour rejoignait la grève.

Le ras-le-bol est profond. Il s'est accumulé depuis des années. En 1996, en même temps qu'un plan social, Bernardaud imposait une baisse de salaire de 10 %. Ceux qui la refusaient étaient licenciés.

Depuis, Bernardaud se porte plutôt bien : il a monté une usine en Tchéquie, une en Tunisie, ouvert un magasin de luxe à Paris...

Mais les cadences, elles, n'ont cessé d'augmenter et la pression de la maîtrise est permanente : il faut toujours en faire plus.

L'altercation a agi comme une étincelle. Depuis, 90 % des ouvriers sont en gréve pour exiger une augmentation de salaire, le rattrapage de ce qui a été perdu en 1996, pour 10 F de plus de l'heure (beaucoup touchent le SMIC).

Pour l'instant, Bernardaud prétexte qu'il ne peut accorder d'augmentations de salaire (il n'a proposé qu'une prime " exceptionnelle " de 500 F, qui ne serait versée donc qu'une fois) car il va déjà devoir lâcher les 35 heures, " une véritable bombe atomique ", d'après lui.

Mais les grévistes ont le moral. Les marques de sympathie ne manquent pas : nombreux sont les automobilistes qui ont apporté un soutien financier lors d'un barrage filtrant mis en place devant l'usine de Limoges mardi matin, et les soutiens, même en nature, ne manquent pas.

Lundi 6, les grévistes ont manifesté devant l'Inspection du travail. Le lendemain, devant la chambre patronale et, pour la première fois, les employés des bureaux ont débrayé et manifesté. Il y avait aussi des travailleurs d'autres entreprises de la porcelaine, puisqu'il y avait eu un appel à débrayer (débrayage suivi à 80 % à l'usine de la Manufacture Royale de Limoges - usine dont Bernardaud est président du conseil d'administration -, 50 % chez Haviland) et des délégations de Dehouillères, Guy Degrenne, Raynaud.

Une pétition réclamant des augmentations de salaire circule dans la porcelaine et a déjà plus de 800 signatures.

Ce mardi soir, des piquets de nuit devaient se mettre en place à Limoges et devant la Manufacture Royale d'Aixe-sur-Vienne pour empêcher que Bernardaud puisse faire sortir de la porcelaine et faire achever le travail ailleurs.

Après deux semaines donc, les grévistes tiennent toujours bon.

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