Nord - Pas-de-Calais : Le Conseil régional subventionne la précarité10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Nord - Pas-de-Calais : Le Conseil régional subventionne la précarité

A en croire les prévisions du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, l'emploi stable sur le port de Dunkerque ne devrait pas s'améliorer durant les années 2001-2005. Dans les entreprises de manutention, il y aurait 246 départs en retraite en application du " dispositif amiante ". En contrepartie, les patrons ne promettent que 210 embauches, qu'ils tiendront ou qu'ils ne tiendront pas... Cela fait un déficit de 36 emplois en CDI.

181 travailleurs intérimaires permanents seront recrutés par Adecco et Manpower, qui subiront tous les aléas du travail intérimaire. Ces riches entreprises d'intérim ne paieront qu'une petite partie de la formation de ces travailleurs, qui sera assurée durant cinq ans pour l'essentiel par la Région Nord-Pas-de-Calais qui y consacrera 3 millions de francs.

Les représentants de l'extrême droite, de la droite et de la gauche plurielle de la Commission permanente du lundi 6 novembre ont entériné ces subventions, pas les deux élus de Lutte Ouvrière, qui ont voté contre. La vice-présidente de la Commission permanente, élue du PCF, a justifié l'intérim pour ces entreprises, car elles ont " une charge de travail fluctuante ", et les subventions à la location d'engins de manutention pour la formation, car " aucune de ces entreprises n'aurait les moyens d'acheter ces matériels très chers ". Pour Michel Delebarre, président socialiste du Conseil régional, " on n'avait pas le droit de critiquer ces décisions ", car ces mesures allaient " créer enfin un vrai métier de docker ", avec des salariés qui " sauront parler anglais, comme c'est devenu nécessaire ", " et bientôt les ports de Calais et Boulogne en feront de même ".

Lorsqu'en juin 1992, le gouvernement PS a changé les conditions d'emploi des dockers, il prétendait, d'après le rapporteur de la loi à l'Assemblée nationale, " donner une garantie d'emploi aux ouvriers dockers " et éviter " d'ouvrir la porte à la précarisation du métier, à l'apparition du travail intérimaire ".

En réalité, il s'agissait avant tout de supprimer près de la moitié des emplois de dockers à Dunkerque, comme dans les autres ports. A partir de 1996, le travail intérimaire a atteint 20 % de l'effectif permanent. Actuellement, il y a 120 travailleurs en intérim pour 530 en CDI à Dunkerque. Ce recours permanent à l'intérim est en quelque sorte officialisé par l'Exécutif PS-PC-Verts de la Région Nord-Pas-de-Calais et approuvé par la droite et l'extrême droite !

Or les cinq entreprises de manutention du port de Dunkerque sont pour la plupart des filiales d'entreprises d'état ou à participation d'état agissant comme des sociétés privées, et sont très prospères.

Feron Terminal (manutention des aciers du groupe Sollac) est une filiale de la SNCF qui a réalisé un chiffre d'affaires l'an passé d'un milliard de francs.

NFTI (conteneurs au port ouest), une " entreprise intégrée " résultant de l'association du Port Autonome de Dunkerque et de la Société nationale des chemins de fer belges, est en pleine expansion : 80 000 conteneurs en 1998, 108 000 en 1999, de 150 000 à 160 000 escomptés cette année.

Seabulk (vrac charbon) est, elle, une association entre le Port Autonome et Sea Invest, le premier manutentionnaire de l'Europe de l'Ouest dont le propriétaire possède la 62e fortune de Belgique. Dunkerque est ainsi au premier rang dans l'ouverture au privé des ports gérés par un organisme d'Etat que le gouvernement de la gauche plurielle a rendue possible par deux décrets pris le 9 septembre 1999.

La Cogema (tubes, sucre) a déclaré des pertes depuis trois ans, mais elle appartient à Bolloré, un regroupement de plusieurs dizaines de sociétés qui, en gagnant 4 milliards de francs à la Bourse en 1998-1999, a porté son " trésor de guerre " à 7 milliards.

Enfin Barra SNM (cuivre, céréales) est une association de diverses entreprises dont le journal Le Marin (14 / 04 / 00) dit : " Succès et espoirs pour Barra SNM. Les débuts sont satisfaisants. [...] Pour la seconde année consécutive, l'entreprise accroît son activité et enregistre un résultat légèrement bénéficiaire ".

Ces entreprises de manutention ont donc tous les moyens de créer des emplois stables et de payer des salaires convenables. Mais leur priorité, c'est la rentabilité financière.

Partager