Michelin Clermont-Ferrand : Nouvelle journée de grève contre les 35 heures du patron10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin Clermont-Ferrand : Nouvelle journée de grève contre les 35 heures du patron

Mardi matin 7 novembre, plus d'un millier de travailleurs, essentiellement ceux des ateliers, ont fait de nouveau grève et défilé en centre-ville, jusqu'à la place de Jaude, et devant la préfecture, gardée par un fort détachement de CRS, matraque et bouclier en évidence.

C'était à l'appel, le quatorzième depuis septembre 1999, des syndicats CGT, CFDT, FO et même, cette fois, de la CFTC, pour exprimer leur refus du projet de la direction, et pour revendiquer une toute autre façon d'appliquer les 35 heures. Cette journée devait toucher également les autres sites Michelin en France.

L'appel commun des syndicats à débrayer trois heures a compté dans la mobilisation des travailleurs. Mais ce sont surtout les militants de la CGT, les délégués dans les ateliers qui ont préparé activement cette journée.

Le regroupement des grévistes était prévu, mardi matin, à partir de dix heures, à la Porte Saint-Vincent, l'une des principales entrées de l'usine de Cataroux. Avant le défilé en ville, les représentants syndicaux sont intervenus au micro, et ils ont nettement haussé le ton contre Michelin.

La CGT a dénoncé particulièrement les pressions multiples exercées par l'encadrement, dont l'appel à signer une pétition patronale réclamant un référendum destiné à approuver le projet de Michelin. Tout en reconnaissant que les syndicats sont " incontournables " (clause de style), il s'agit, pour Michelin, de faire pression sur eux en sollicitant individuellement le personnel contre l'attitude des syndicats qui n'ont pas voulu encore signer jusqu'ici.

La maîtrise incite dans les ateliers où ça ne prend guère, et dans les bureaux avec un peu plus de succès, à faire téléphoner ou à faire adresser par courrier électronique, comme si cela venait " spontanément " de la base, des demandes à destination des militants syndicaux, des délégués, en somme une sorte de harcèlement, pour les inciter à réviser leur position, et aboutir à ce que l'une au moins des organisations syndicales finisse par accepter de signer.

Et ce genre de manÏuvre n'est pas la seule : dans les bureaux, chacun voit apparaître sur l'écran de son ordinateur, et cela plusieurs fois par jour, un texte patronal de propagande anti-syndicale, incitant également à s'adresser à la maîtrise pour réclamer un référendum, sous prétexte que ce serait plus démocratique que de se faire représenter par les syndicats ! Et l'encadrement est chargé de répéter cela à longueur de journée, d'animer des réunions ce qui implique d'arrêter le travail, pour y déclarer que ce serait " catastrophique " si aucun syndicat ne signait.

La chantage de la direction, c'est la menace de ne pas embaucher du tout, de refuser les départs en préretraite (RTT), de n'augmenter les salaires qu'au minimum, de maintenir les samedis travaillés, de réduire le nombre de jours de congés, bref, l'application stricte de la loi Aubry.

Alors, à la veille de l'" ultime négociation ", selon la formule de la direction, le ton monte, et la colère des travailleurs aussi. Le reflet de ce climat transparaît dans la décision des syndicats de marquer le coup en boycottant, mercredi 8 novembre, la réunion préparatoire annoncée par Michelin, qui devait précéder la quatorzième réunion paritaire. Les syndicats n'iront pas et ils ont déclaré devant les grévistes que, pour le moment, ils ne signeraient pas.

Regonflés par le nombre de grévistes dans les ateliers, et le succès de la manifestation de mardi, les travailleurs clermontois de chez Michelin montrent, depuis des mois, qu'ils ne se laissent pas intimider.

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