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- Lutte ouvrière n°1687
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Leur société
Le ras-le-bol des convoyeurs de fonds : Victimes des braqueurs... mais aussi des banquiers
En l'espace d'une dizaine de jours, deux équipes de convoyeurs de fonds ont été agressées par des commandos lourdement armés. A Stains, en banlieue parisienne, le braquage a fait un mort et deux blessés parmi les employés de la société Ardial qui ravitaillaient une banque, tandis qu'à Saint-Laurent-du-Var les malfaiteurs ont blessé deux convoyeurs en attaquant leur fourgon au lance-roquettes.
Ces deux hold-up sanglants ont renforcé la colère des transporteurs de fonds qui, une fois de plus, dénoncent le " laxisme " des pouvoirs publics et le mépris des donneurs d'ordres (banques, grandes surfaces). On se souvient en effet qu'à la suite de plusieurs agressions mortelles, les convoyeurs avaient massivement fait deux semaines de grève en mai dernier, ce qui avait commencé à paralyser les activités commerciales et bancaires du pays. A l'époque, ils avaient obtenu quelques augmentations de salaire et des promesses d'aménagements portant sur leur sécurité.
S'il est vrai qu'il n'existe pas de protection absolue qui mettrait les convoyeurs de fonds totalement à l'abri des agressions, d'autant que les gangsters hésitent de moins en moins à utiliser des armes lourdes, il serait possible, comme l'ont souligné à plusieurs reprises les porte-parole de la profession, d'aménager les abords des banques et des grandes surfaces pour sécuriser les mouvements de fonds et rendre les attaques moins faciles.
Pour cela, il faudrait que les établissements concernés consacrent un peu de leurs énormes profits, ce qu'ils ne semblent pas pressés de faire. Quant au gouvernement, il n'a aucune volonté de les contraindre.
En mai, pour calmer la colère et obtenir la reprise du travail, le gouvernement s'était engagé à prendre un certain nombre de mesures pour améliorer la sécurité de ces salariés. Sous la pression des événements, en juillet, les députés avaient même adopté une série de dispositions visant notamment à limiter le trajet des convoyeurs entre leur fourgon et les coffres des établissements, à créer des zones de stationnement réservées aux abords des banques et des grands magasins, mais aussi à obliger les entreprises à aménager leurs locaux pour que le ramassage des fonds puisse s'effectuer à l'abri d'éventuels malfaiteurs.
Or à ce jour, ces mesures attendent toujours que le gouvernement publie les décrets qui les rendraient obligatoires. Avec un certain embarras, le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot a déclaré que cela nécessitait " un certain délai " ; plus franchement, le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant a justifié ce retard en invoquant la nécessité de discuter avec les banques de la mise en Ïuvre de ces mesures. En un mot, pas question de brusquer les banquiers et les trusts de la distribution. Et encore moins d'user de la menace en interdisant les opérations de transfert de fonds qui ne répondraient pas aux normes de sécurité les plus efficaces.
En réalité, ce gouvernement se montre plus soucieux de ménager les intérêts des grandes entreprises et de leurs actionnaires que de faire appliquer des mesures qui pourraient protéger la vie des salariés. En attendant, la liste de ceux qui se font estropier ou tuer en acheminant l'argent des banques et des grandes surfaces pour 6 500 F par mois s'allonge.