IUFM : Rentrée " zéro moyen "10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

IUFM : Rentrée " zéro moyen "

Mercredi 18 octobre, nous étions environ un millier à manifester sous les fenêtres du ministère de l'Education nationale. Professeurs, maîtres-formateurs, professeurs des écoles stagiaires et étudiants des IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres) de l'académie de Créteil étaient venus à l'appel des syndicats pour protester contre la dégradation croissante de leurs conditions de travail et de formation.

En effet, contrairement aux discours officiels sur le bon déroulement de la rentrée et la volonté affichée de placer les élèves " au centre du système éducatif ", nombreux sont les enseignants et futurs enseignants qui s'inquiètent.

Ainsi, depuis plusieurs semaines, le personnel de l'ex-IUFM de Livry se retrouve dans la nature, faute de locaux pour l'accueillir. Cette situation n'est pas récente : en mars 2000, la décision de fermer cet IUFM pour cause de vétusté avait contraint les professeurs stagiaires à achever leur formation... chez eux. La direction départementale avait alors assuré que la situation serait rétablie pour la rentrée de septembre. Au lieu de cela, des experts en tout genre, après s'être penchés plusieurs mois sur le dossier, ont décidé que la rentrée pourrait avoir lieu dans des sites dispersés (Le Blanc-Mesnil, Le Bourget, etc.) totalisant 2 500 m2 alors que Livry en comptait 11 000... Le compte n'y est pas. D'autant plus qu'il s'agit de locaux commerciaux peu adaptés. Face à la colère et à la mobilisation quotidienne des personnels concernés, c'est le silence radio. La direction était partie en " voyage d'étude " à Barcelone ! Pour trouver des locaux ?

Ceux de Livry ont donc tenu à informer leurs collègues de Bonneuil-sur-Marne, où ils ont réuni une AG de plus de 500 personnes le 10 octobre. A cette occasion, nous nous sommes rendus compte que le manque de moyens se faisait aussi sentir à Bonneuil. En un an, le nombre de professeurs des écoles stagiaires est passé de 250 à 510 sans qu'aucun poste de professeur ni de formateur n'ait été créé. Les syndicats ont chiffré à 12 millions de francs le nombre d'heures supplémentaires effectuées pour combler les postes manquants (environ 100 sur Bonneuil).

Les conséquences de ces économies sont telles que les stagiaires sont passés de 28 à 32 par classe, et les étudiants préparant le concours à 38 par classe. Par ailleurs, 60 maîtres-formateurs doivent se répartir 510 stagiaires à visiter dans les écoles. Ce qui est impossible. Certains futurs enseignants craignent d'ailleurs de ne pas être titularisés à la fin de cette année, faute d'avoir pu être évalués lors de leurs stages.

Quant à l'IUFM de Melun, si les difficultés semblent moindres, certains ont tenu à marquer leur solidarité en se joignant à la manifestation du 18 octobre.

Le sentiment général est qu'une fois de plus ce sont les mêmes qui subissent les effets de la politique d'austérité du gouvernement. En effet, l'académie de Créteil regroupant la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, ce manque de moyens vient s'ajouter à des conditions de vie locale déjà dégradées. Nous travaillons souvent dans des quartiers difficiles, touchés par le chômage, les problèmes de logements, etc. Si à ces problèmes sociaux on ajoute des classes surchargées, cela rend le suivi des élèves en difficulté quasi impossible.

A l'issue de la manifestation du 18, durant laquelle une délégation a été reçue, l'intersyndicale a appelé à une nouvelle AG le 25 octobre à Bonneuil. Au cours de cette AG nous avons appris que le ministère se déchargeait des problèmes de postes sur le rectorat d'académie. Cela signifie que, dans l'éventualité où le rectorat se décide à satisfaire nos revendications, ce serait au détriment d'autres établissements que l'on priverait de leurs personnels.

Par ailleurs, on a l'impression que les syndicats cherchent à noyer nos revendications dans des compromis douteux : ainsi, de 100, le nombre de postes exigés est passé à 30, sous prétexte de réalisme ! Mais ce qui n'est pas réaliste, c'est de croire que l'on peut continuer à laisser se dégrader une situation déjà inacceptable.

Après les vacances de la Toussaint, sont prévues une journée de grève académique le 9 novembre et une journée de blocage de l'IUFM de Bonneuil le 20 novembre. Espérons que la colère et la détermination des enseignants actuels et futurs se fassent entendre afin d'obtenir les moyens humains et matériels indispensables.

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