Etats-Unis : Un système électoral sur mesure pour les grands partis10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Un système électoral sur mesure pour les grands partis

Cette élection, comme les précédentes, a été dominée par les candidats des partis jumeaux que sont le Parti Démocrate et le Parti Républicain, qui défendent tous deux la domination de la bourgeoisie.

A la base de ce système, il y a bien sûr le pouvoir de l'argent. Lors des primaires des deux partis, on voit souvent se présenter des hommes connus notamment pour leurs moyens financiers. Les primaires permettent en outre aux appareils de ces partis de sélectionner et de se mettre d'accord sur le candidat à la Maison-Blanche, et évidemment cela constitue un filtre sur lequel les électeurs n'ont rien à dire. Une fois ce choix réalisé, Démocrates et Républicains sont en concurrence moins au niveau des idées et du programme, que dans la collecte des centaines de millions de dollars nécessaires à la campagne. Les itinéraires des réunions publiques ou privées des candidats sont d'ailleurs autant le résultat de nécessités politiques (aller battre le rappel de ses propres électeurs tentés de changer de camp, ou aller porter la bonne parole dans un Etat censé être acquis à son adversaire) que parce qu'on sait que telle réunion publique permettra d'engranger l'argent de riches donateurs.

L'argent n'est pas le seul obstacle pour ceux qui souhaiteraient contester l'hégémonie des deux partis bourgeois. Démocrates et Républicains sont proposés au suffrage des électeurs dans l'ensemble des Etats de l'Union, après des élections primaires qui désignent un candidat par parti. Les autres candidats potentiels doivent réunir des signatures d'électeurs pour être candidats (30 000 dans l'Etat de New York). Le nombre de signatures varie d'un Etat à l'autre. Elles doivent provenir des différentes régions d'un même Etat, dans des proportions variables d'un Etat l'autre, car si l'élection est nationale, les règles de désignation des candidats sont fixées par chaque Etat. Enfin, les signatures sont avalisées par une commission électorale qui décide, après avoir vérifié 2, 3 ou 5 % des signatures (elle n'a pas le temps d'en faire plus), d'autoriser ou non la candidature.

Cette année, malgré ces obstacles, cinq candidats ont réussi à se présenter dans 40 à 50 Etats : Ralph Nader (un Vert), deux dissidents droitiers des deux grands partis (Pat Buchanan ou Harry Browne), deux candidats de partis d'extrême droite. Quatre autres candidats étaient présents dans sept Etats au moins. Le SWP, qui fut longtemps le principal parti trotskyste des Etats-Unis, présentait James Harris dans 14 Etats (contre 11 lors de l'élection de 1996, où il avait obtenu 8 500 voix, 0,01 % des voix). Le Parti Communiste ne se présentait pas, préférant soutenir le Parti Démocrate au nom du " moindre mal ".

L'élection présidentielle se déroule en deux étapes. Le 7 novembre, tous les quatre ans, les électeurs votent en fait pour une liste de grands électeurs qui éliront le président, dans un deuxième temps, en décembre prochain. Le parti qui obtient la majorité dans un Etat est sûr de disposer de tous les mandats de grands électeurs. Mais étant donné que le nombre de grands électeurs varie d'un Etat l'autre (de 3 à 54), il n'est pas exclu qu'un candidat qui a obtenu la majorité des votes à l'échelle nationale ne dispose pas de la majorité des grands électeurs (cela s'est déjà présenté plusieurs fois).

Les électeurs votaient aussi, en même temps, selon les Etats, pour élire des sénateurs (élus pour six ans, renouvelés par tiers tous les deux ans), des députés du Congrès (élus tous les deux ans). Dans certains Etats, ils élisent aussi le gouverneur, le lieutenant-gouverneur, un procureur fédéral, un contrôleur financier, des juges, un maire, des conseillers municipaux, un sherif. Dans certains Etats, il y avait aussi, au même moment, des référendums sur différents sujets. Ainsi, en Alabama, Etat où une bonne fraction de la population est ouvertement raciste, les électeurs devaient se prononcer sur l'abolition ou non d'une loi qui interdit les mariages mixtes entre Noirs et Blancs.

Les règles de ces différentes élections sont en gros les mêmes (signatures, etc.) et les deux grands partis et leurs bailleurs de fonds dominent également la scène. On estime qu'il faut trois millions de dollars pour être élu sénateur et 600 000 dollars pour un député.

On comprend le désintérêt des électeurs pour un cirque électoral entièrement aux mains des nantis.

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