Espagne : La gauche unie se donne un nouveau leader pour une vieille politique10/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1687.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : La gauche unie se donne un nouveau leader pour une vieille politique

Les 28 et 29 octobre s'est déroulée en Espagne la 6e Assemblée fédérale de la Gauche Unie (Izquierda Unida - IU) dont le principal point à l'ordre du jour était l'élection du successeur de Julio Anguita qui, depuis douze ans, assumait la direction de cette coalition et occupait le poste de coordinateur général.

Le déroulement de cette assemblée a été fortement marqué par les récents échecs électoraux de IU, en particulier lors des élections générales de mars dernier où IU, qui avait conclu une sorte de programme commun avec le PSOE , le Parti Socialiste, n'avait remporté que 5,46 % des voix au lieu de 10,54 % aux élections générales de 1996. Un résultat qui avait accentué les divisions internes aussi bien au sein de IU que de sa principale composante, le Parti Communiste Espagnol, en même temps que s'approfondissait le mécontentement de la base de ce parti.

Les participants à cette assemblée avaient à choisir entre trois candidats au poste de coordinateur général. Le premier, Francisco Frutos, actuel secrétaire général du Parti Communiste Espagnol (PCE), numéro un de IU, lors des dernières élections et artisan du pacte conclu alors avec le PSOE. Le second, Gaspar Llamazares, secrétaire du PC des Asturies, bénéficiait de l'appui de Julio Anguita. Quant au troisième, Angeles Maestro, qui se définit comme la gauche du PCE, et bénéficie de l'appui des militants les plus mécontents de la politique actuelle du PCE, il a mis en avant un projet en disant s'inspirer de " Refondation communiste " en Italie.

Mais derrière ces différences de personnalités ou de langage, ces trois postulants avaient en commun d'avoir fait leur carrière politique au sein du PCE, à l'ombre de Julio Anguita. Les uns et les autres définissent IU comme une coalition " rouge ", mais aussi " verte pour ce qu'il a d'écologiste ", " violet pour ce qu'il a de féministe ", et " blanche parce qu'en faveur de la paix ". Il se veut en effet le représentant d'un vaste mouvement social tourné davantage vers les classes moyennes que vers les travailleurs dans l'optique d'une politique de collaboration de classe avouée.

Les problèmes soumis à la discussion préparatoire à cette assemblée, tout comme les débats qui s'y sont déroulés, ne concernaient d'ailleurs nullement les préoccupations concrètes du monde du travail et des classes populaires. Ils concernaient essentiellement les modalités de l'élection du coordinateur et les alliances tactiques visant, sous prétexte de " rénovation ", à changer tel ou tel dirigeant ou responsable.

C'est finalement par une voix de différence avec Frutos, que le Conseil Politique Fédéral a élu comme coordinateur général Gaspar Llamazares, appuyé par Anguita (et aussi par la mouvance Espacio Altenativo, issue de l'ancienne LCR espagnole). C'est la première fois que IU est dirigée par un leader qui n'est pas en même temps secrétaire général du PCE ,ce qui contibue à distendre un peu plus les liens entre IU et le courant communiste et s'éloigne un peu plus encore de toute référence à la lutte de classe. Le but est d'apparaître " plus ouverte à la société " selon Gaspar Llamazares qui a mis en avant la nécessité d'intégrer dans IU la " gauche des droits de l'Homme ", la gauche fédérale constituée des " indépendants " et des rénovateurs du PCE qui se sont rapprochés ou intégrés au PSOE...

Cette orientation vers une social-démocratisation encore plus ouverte est clairement apparue dans le discours prononcé par Llamazares après son élection au poste de coordinateur général, où il a tendu la main au PSOE pour constituer une alternative de gauche au Parti Populaire. Un nouveau visage pour une politique de plus en plus éloignée des véritables intérêts des travailleurs et qui a déjà conduit au découragement des milliers de militants communistes, de militants de gauche qui aspirent sincèrement à lutter contre le capitalisme.

Partager