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Russie : Les "réformes" de Poutine
Lors de la visite de Poutine en France, il a beaucoup été question des " réformes structurelles " qu'il aurait décidé d'engager. A en croire les gazettes, le moment serait même particulièrement favorable car la Russie connaîtrait une embellie économique.
Evidemment, après l'effondrement du rouble survenu lors du krach financier d'août 1998, lui-même venant après l'effondrement de l'Etat et de l'économie de ce qui avait été la seconde puissance mondiale, l'Union soviétique, il pouvait sembler difficile de tomber plus bas : au classement de l'ONU en termes de revenu par habitant, la Russie occupe la 116e place sur 174 pays recensés, derrière la Barbade, l'île Maurice ou la République dominicaine...
Si, pour la première fois en dix ans, la Russie connaît un sursaut économique et un budget en équilibre, cela relève avant tout de circonstances extérieures. L'Etat russe se trouvant en cessation de paiement après août 1998, ses créanciers ont dû lui accorder un sursis pour ses remboursements, voire lui accorder une remise de dettes pure et simple. Cela a bien sûr un peu renfloué les caisses de l'Etat, ce à quoi a aussi aidé la flambée des cours du pétrole, du gaz et autres matières premières qui représentent 80 % de ses exportations.
Que cela soit fragile, nul n'en doute car la santé financière de l'Etat russe reste à la merci d'une retombée du cours des matières premières. Mais même le contexte actuel (relativement) favorable n'a guère modifié la situation économique de la Russie, sans parler de celle de la population. Les exportations peuvent tourner ou non à plein rendement, la majeure partie de ce qu'elles rapportent reste sur des comptes à l'étranger et ne revient pas s'investir dans le pays. Les " nouveaux riches " pillent tout ce qu'ils peuvent, ne gardant sur place que de quoi satisfaire leurs appétits de " flambeurs ". Et pour autant que ce ne soient pas les mêmes, les industriels et financiers russes du secteur public ou privé agissent de la même façon tandis que les investisseurs étrangers, maintes fois échaudés, restent des plus rétifs à risquer leurs fonds en Russie.
La situation qui en résulte est catastrophique. En mai, le Premier ministre, Kassionov, a ainsi révélé que 70 % de tous les équipements industriels russes ont dépassé la durée de vie pour laquelle ils avaient été conçus.
Le gouvernement a envisagé de supprimer les droits de douane sur ce type d'équipements en espérant que cela en ferait rentrer. Sans résultat. Poutine a fait adopter une série de dispositions fiscales favorables aux investisseurs, notamment étrangers. Là encore sans convaincre grand monde. Alors, à Paris, il en est à promettre des livraisons de gaz aux Etats de l'Europe des Quinze en échange d'une modernisation du secteur des hydrocarbures, dont dépend une bonne partie du budget de l'Etat et dont il faudrait remplacer 80 % des installations...
Il y a toutefois un secteur économique russe qui fonctionne on ne peut mieux, celui des banques. Malgré, ou plutôt dans le droit fil du krach de 1998, il prospère, des établissements officiellement en faillite gardent pignon sur rue. A tel point que le Fonds monétaire international (FMI) s'inquiétait encore récemment de leur non-fermeture et que Chirac vient, au nom de l'Union européenne, de demander à Poutine de prendre des mesures en ce domaine.
Mais comment Poutine pourrait-il fermer des banques qui servent au blanchiment de l'argent provenant des innombrables trafics des parasites locaux et à l'enrichissement des gens au pouvoir - ou plutôt des mille et un pouvoirs qui ont mis le pays en coupe réglée et dont Poutine se veut le représentant à défaut de pouvoir s'imposer à eux ?