Russie : La guerre de Tchétchénie et ses enjeux03/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1686.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : La guerre de Tchétchénie et ses enjeux

C'est le 1er octobre 1999 que les tanks russes ont pénétré sur le territoire tchétchène, pour la première fois depuis la défaite de l'armée russe dans la guerre de Tchétchénie de 1994-1996. Aujourd'hui, le Kremlin a beau proclamer être entré dans ce qu'il appelle la " phase finale de l'opération antiterroriste ", il reste loin d'avoir atteint son but.

Le bourbier tchétchène

Il est d'abord évident que la guerre, un an après son déclenchement, n'a pas permis au pouvoir russe de mettre au pas cette petite république indépendantiste livrée au chaos, aux trafics et pillages en tout genre. Grozny, la capitale, a certes été prise et rasée en février dernier, les villes et bourgades occupées par 100 000 soldats russes (un soldat pour cinq habitants restés en Tchétchénie, la moitié de la population ayant fui les combats), la guérilla n'a pas rendu les armes. Elle semble même capable de rendre les coups là où elle veut, comme en témoignent ses attaques de convois militaires et attentats contre les casernes russes.

En se lançant sur la Tchétchénie, Poutine voulait montrer aux chefs des régions et républiques de la Fédération de Russie ce qu'il en coûte de défier le pouvoir central. Mais si les massacres et exactions de sa soldatesque en disent plus long que n'importe quel discours de Chirac, Jospin ou autre dirigeant occidental sur ce dont est capable le régime russe actuel, ce dernier n'a pas réussi sa démonstration à usage interne. Car il se montre toujours aussi incapable de faire plier les chefs d'une toute petite république que ne l'avait été son prédécesseur, Elstine, en une guerre et dix ans de présidence.

Les barons du régime et leurs fiefs

A peine élu en mars, Poutine annonça qu'il allait " rétablir la verticale du pouvoir ". Il s'agissait de mettre un terme à la quasi-indépendance des chefs des régions. Pour obliger ces barons de la Fédération de Russie à respecter le pouvoir central et ses lois, à payer les impôts, il comptait sur une victoire en Tchétchénie qui aurait prouvé que sa présidence n'était plus celle impotente d'un Eltsine. Or cette victoire tarde, si elle doit jamais venir.

Entre-temps, Poutine s'est doté d'une loi qui prive de leur immunité les gouverneurs régionaux et présidents de républiques fédérées ; qui les empêche de siéger au Conseil de la Fédération (le Sénat) ; qui autorise Moscou à les destituer ainsi qu'à dissoudre les organes exécutifs et législatifs locaux ; qui fait chapeauter les régions et leurs chefs par sept super--préfets issus pour la plupart de la haute hiérarchie du KGB (la police politique) ou de l'armée. Mais rien n'y fait : les chefs des régions, à commencer par les plus riches et les plus puissantes, n'en font qu'à leur guise, Poutine, empêtré dans le bourbier tchétchène, ne pouvant s'offrir le luxe d'entrer en conflit ouvert avec ces derniers. Alors, il doit composer avec eux, comme Eltsine avant lui.

Autant dire que le rétablissement et le renforcement du pouvoir central promis par Poutine n'est pas vraiment pour demain.

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