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- Lutte ouvrière n°1686
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Leur société
Gauche plurielle : Bataille en rase-mottes pour un sommet
La discussion budgétaire ainsi que la préparation du " sommet de la gauche plurielle " prévu pour le 7 novembre, si le projet ne capote pas d'ici là, donnent lieu à des escarmouches au sein de la majorité gouvernementale que personne ne prend au sérieux, même pas, semble-t-il, leurs protagonistes.
Certes, du PCF aux Verts en passant par les Radicaux, chacun tient à marquer sa différence. Les Radicaux de gauche tenaient très fort à ce que l'amendement supprimant la vignette auto pour les artisans porte leur nom. Les députés du PCF refusaient - en vain - la baisse des impôts sur le revenu pour les deux tranches supérieures. Et finalement les Verts et le PCF n'ont pas voté la partie recettes du budget, ce qui sera sans conséquences, et purement symbolique. D'ailleurs pour corriger sans tarder ce geste frondeur, et montrer qu'ils n'avaient pas l'intention de quitter le sillage du PS, les députés du PCF se sont empressés de voter le budget de la Sécurité sociale présenté par la toute nouvelle ministre de l'Emploi, Elisabeth Guigou, qui s'est félicitée de leur galanterie.
Les Verts quant à eux grondent un peu, dans le cadre de la préparation du sommet de " la gauche plurielle ", et réclament la mise en place d'un scrutin proportionnel pour les futures élections législatives de 2002. Sinon la proportionnelle, disent-ils, que l'on en injecte au moins une petite dose, une petite pièce, s'il vous plaît. D'entrée, le représentant du PS a répondu qu'il n'en était pas question d'ici 2002, sans même prendre la peine de se justifier sur le fait qu'il s'agissait d'une promesse préélectorale de Jospin. Les promesses des politiciens, on le sait bien, n'engagent que ceux qui y croient. Mais, dans ce cas, les socialistes tiennent à la situation actuelle, qui oblige les Verts à dépendre de la " générosité " du PS s'ils veulent avoir des députés à l'Assemblée.
Ces criailleries des composantes de la gauche plurielle n'ont guère de signification, pas plus que cette prétendue menace de démission de Jospin, destinée, prétend-on, à ramener l'ordre dans la majorité. Jospin n'a pas besoin de cela. Il sait qu'il peut disposer de l'allégeance de ses partenaires-vassaux, qui n'ont pu accéder au fromage du pouvoir, et s'y maintenir, que par sa volonté.
La guéguerre actuelle n'est pas menée sérieusement par ses protagonistes, et sans être devin, on peut prédire que le sommet de la gauche plurielle va accoucher d'un souriceau. En supposant qu'il n'avorte pas d'ici là.