Universités : Les étudiants étrangers sous contrôle renforcé27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Universités : Les étudiants étrangers sous contrôle renforcé

Suite à l'occupation, en mars dernier, d'un amphithéâtre de l'université Paris-VIII à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, par des étudiants sans-papiers réclamant leur régularisation et qui avaient été expulsés de force par les CRS après trois mois de lutte, en mars dernier, le ministre de l'Intérieur a décidé de multiplier les antennes préfectorales sur les campus.

Promulguée par le ministère de l'Intérieur et cosignée par le ministère de l'Education nationale, en mai dernier, une circulaire a rappelé à l'ordre les recteurs d'académie et les présidents d'université. Désormais, les établissements supérieurs doivent se conformer strictement à la loi et inscrire les seuls étudiants étrangers munis d'un passeport en règle.

Auparavant, certaines universités se montraient plutôt tolérantes. Elles autorisaient nombre d'étudiants étrangers, qui n'avaient pu obtenir le visa étudiant, à poursuivre des études supérieures. Tel était le cas, par exemple, de l'université Paris VIII. Celle-ci vient récemment de rentrer dans le rang, suite aux pressions gouvernementales. Sous le fallacieux prétexte de simplifier les démarches administratives et d'améliorer les conditions d'accueil des étudiants étrangers, le ministère de l'Intérieur entend élargir " le champ de compétence des préfectures "... aux universités !

La mise en place de " guichets uniques d'accueil " (qui existent déjà dans trente-deux établissements universitaires de Paris et de la petite couronne) seraient censés permettre à l'étudiant étranger de s'inscrire à l'université, de faire parallèlement la demande pour l'obtention d'une carte de séjour portant la mention étudiant ; un sésame qui ouvre la voie aux études supérieures. Dans l'esprit du ministère de l'Intérieur qui souhaite généraliser l'expérience partout en France, des fonctionnaires de la préfecture, appuyés par du personnel administratif universitaire (formé et trié sur le volet et transformé ainsi en auxiliaire de police) seraient chargés d'accueillir les étudiants étrangers, de vérifier la validité de leurs papiers et de transmettre les dossiers à la préfecture... " qui demeure la seule responsable de l'instruction du dossier et de la décision d'octroi de la carte " ! Ainsi " le pôle universitaire " deviendrait le lieu privilégié de dépôt des dossiers de demandes de cartes de séjour tandis que la préfecture resterait maîtresse du jeu. Les étudiants étrangers seraient d'autant plus vulnérables (et donc expulsables) qu'ils ne répondraient pas à toutes les conditions d'obtention du titre de séjour et se verraient ainsi définitivement fermer l'accès aux études supérieures.

Responsables du suivi de la réalité des études des étudiants étrangers, les préfectures exercent un pouvoir discrétionnaire dans ce domaine. Certains hauts fonctionnaires préfectoraux en abusent volontiers. Bien des étudiants étrangers (qui ont pourtant obtenu un visa étudiant valable un an), vivent dans l'angoisse du résultat des examens de fin d'année pour savoir s'ils pourront ou non continuer leurs études. Car en cas d'échec, le visa peut être non renouvelé. L'étudiant étranger se voit alors signifier l'ordre de quitter le territoire dans les plus brefs délais. Et si ses ressources sont jugées insuffisantes par la préfecture, bon prince, celle-ci lui propose alors en supplément un aller simple pour son pays d'origine.

Chevènement parti, Vaillant et ses fonctionnaires veillent.

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