Aérospatiale Toulouse : Des salariés du nettoyage en grève pour le 13e mois27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aérospatiale Toulouse : Des salariés du nettoyage en grève pour le 13e mois

Lundi 16 octobre, la grève a commencé à TFN, l'entreprise de nettoyage qui, depuis 1999, a en charge le nettoyage des bureaux et des chaînes (au sol et sur avion) de l'Aérospatiale sur les sites de Saint-Martin et de Blagnac.

Les travailleurs de TFN réclament le 13e mois. Dans le tract FO qu'ils ont distribué au personnel de l'Aérospatiale, à l'entrée La Crabe, ils expliquent que, pour un salaire de 6 000 F (et à la TFN, beaucoup gagnent moins), cela représente une augmentation de 500 F par mois, soit un peu plus de 3 F de l'heure. Depuis, tous les jours, ils se retrouvent à cette entrée, à près de 70. Ils ont même fait plusieurs fois des barrages filtrants pour donner plus de poids à leur mouvement.

Jeudi 19 octobre, le patron a essayé de faire diversion en proposant de négocier la grille des salaires. Mais en leur proposant de travailler les weeks-ends pendant quatre mois pour récupérer les jours de grève, il a seulement réussi à provoquer la colère des travailleurs. Espérait-il que le week-end les fasse changer d'avis ? En tout cas, les propositions qu'il a faites lundi 23, des broutilles pour les hommes et rien pour les femmes, n'ont satisfait personne et la grève a continué.

Mardi 24, à l'embauche, il a proposé d'accorder une prime exceptionnelle de 1 000 F pour un temps plein, ce qui revient à moins de 800 F pour une femme qui n'a que 27,5 heures Pour ceux qui en auraient besoin, une avance serait accordée en octobre, puis reprise en trois fois. Et le personnel aurait la possibilité de récupérer hors week-ends les heures de grève. De nouveau, les grévistes ont refusé ces " propositions " : " On s'est mis en grève pour le treizième mois ", " S'il donne une prime de 2 000 F en juin, une autre en décembre... ", " 3 francs de l'heure, pourquoi pas... ", " Il faut qu'il paie les heures de grève... " les discussions vont bon train, et le personnel tient bon. Certain disent même : " Il a reculé, on tient le bon bout ". Les pourparlers devaient reprendre à 16 heures le même jour.

Il faut dire que, depuis des mois, le mécontentement est grand. Les salariés de TFN travaillent en sous-effectifs permanents. Pour ne prendre qu'un exemple, il y a quelques années, elles étaient 14 femmes de ménage pour s'occuper du Bureau d'Etudes. Aujourd'hui, elles ne sont plus que 8. Partout, les conditions de travail s'aggravent. Dans les ateliers, il manque des protections : genouillères pour travailler dans les caissons, masques avec cartouche, lunettes de protection, gants... car les nettoyeurs travaillent dans des positions malcommodes ou manipulent des produits dangereux. Le passage aux 35 heures s'est fait sans embauche. Les contrats à temps partiel ont été réduits. Et pour tous, cela signifie les mêmes charges de travail, si ce n'est plus. Le personnel malade n'est jamais remplacé. Et par-dessus le marché, il y a l'attitude méprisante du patron qui déplace le personnel sans aucune explication. Au passage, il en profite pour réduire les temps. Par exemple, une femme qui avait 6 heures pour s'occuper du bâtiment SPOK a été remplacée par une autre qui n'a plus que 4 heures.

Dans l'usine, FO et la CGT ont distribué dans les selfs un tract de solidarité. Et même s'il manque du papier dans les WC, si les torchons ne sont pas remplacés, si les copeaux s'accumulent à certains postes en chaîne, l'attitude du personnel d'Aérospatiale est plutôt d'être du côté des travailleurs du nettoyage. D'ailleurs, la direction de l'Aérospatiale porte une lourde responsabilité dans cette situation, elle qui régulièrement fait des coupes claires dans le budget consacré à celui-ci.

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