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- Lutte ouvrière n°1684
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Dans les entreprises
SNCF - La manifestation du 19 octobre : La défense du service public est aussi celle des travailleurs
Appelée par l'ensemble des fédérations syndicales, la journée du 19 octobre devrait être marquée, à Paris, par une grande manifestation nationale des cheminots venus des quatre coins du pays. Elle a pour thème principal la dénonciation des directives européennes en matière de transports et, en particulier, de l'ouverture du réseau SNCF à la concurrence.
En fait, cette manifestation semblait représenter surtout pour les directions syndicales et en particulier pour celles de la CGT et de la CFDT, une occasion d'affirmer leur solidarité avec le gouvernement français de la gauche plurielle et son ministre PCF des Transports, Gayssot. Ceux-ci sont présentés comme les derniers et seuls remparts du service public national face à des institutions européennes, championnes du libéralisme et de la concurrence à tout crin, décidées à imposer leur loi. Comme si ce gouvernement avait besoin de l'Europe pour mener aujourd'hui la politique de démantèlement des services publics qui est la sienne ! Comme si, ce faisant, il ne poursuivait pas exactement la même politique que ses prédécesseurs, politique consistant à privilégier toujours plus des objectifs de rentabilité au détriment de la satisfaction des besoins de la population.
Il n'a pas fallu attendre l'Europe pour que la direction de la SNCF entreprenne de tailler des coupes claires dans les effectifs des cheminots. Ils étaient un peu plus de 200 000 en 1990, près de 186 000 en 1994 et 178 000 en 1998. Depuis, la baisse a été ralentie, certes, des embauches ont eu lieu, mais de façon tout à fait insuffisante pour compenser les 35 heures et les départs en retraite, pour combler le déficit des années passées et faire face à l'augmentation du trafic. Aujourd'hui, après avoir expliqué à qui voulait l'entendre que " l'entreprise " devait évoluer avec son temps, se moderniser, rompre avec l'immobilisme, le président de la SNCF, Louis Gallois, entend pousser la réorganisation générale de l'ensemble du transport ferroviaire en procédant à ce qu'il appelle la " gestion par activité ". Après l'éclatement de la SNCF, en 1997, entre le RFF et la SNCF, voici programmé l'éclatement par petits bouts (grandes lignes, transport marchandises, banlieues, transports régionaux, etc.), chaque morceau étant tenu d'être économiquement rentable. Les activités qui ne le seraient pas pourraient être liquidées tandis que la perspective de la privatisation s'ouvrirait devant celles financièrement juteuses. Cette politique de démantèlement de la SNCF n'est pas différente de celle menée dans les services postaux hier ni de celle qui se dessine également à EDF, par exemple. Et ceux qui la mènent sont bien les gouvernants de ce pays, qui n'ont pas besoin d'être poussés dans cette direction par les institutions européennes pour accélérer le mouvement : ils se débrouillent très bien tout seuls.
Cette journée du 19 octobre, au cours de laquelle, dans certains secteurs, les syndicats appelaient à débrayer de façon à permettre aux cheminots de manifester, est donc empreinte de pas mal d'hypocrisie de la part de ses promoteurs. En matière de démantèlement du service public, le gouvernement français mène tout à fait la même politique que Strasbourg et Bruxelles. A Paris, comme dans tous les pays européens, les gouvernements sont bien tous d'accord pour faire jouer à plein la concurrence dans les services publics, mettre en avant des critères de profit et brader ce qui peut l'être à des intérêts privés. Face à cette politique que Gallois entend mettre en oeuvre à la SNCF, les travailleurs doivent opposer leurs propres revendications, à commencer par des augmentations de salaire dignes de ce nom et des embauches en nombre suffisant. Ce serait là la meilleure défense du service public.