L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Les artisans de l'oppression ne feront pas la paix au Proche-Orient20/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1684.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Les artisans de l'oppression ne feront pas la paix au Proche-Orient

La réunion de Charm el-Cheikh, les 16 et 17 octobre, s'est terminée sur quelques engagements verbaux des deux parties à " faire cesser la violence " dans les Territoires occupés par Israël, autrement dit à tenter de désamorcer la colère du peuple palestinien. C'était le seul but de cette réunion car comment donc les chefs d'Etat, artisans de l'oppression de ce peuple, pourraient-ils imposer ces relations égalitaires entre les peuples palestinien et israélien qui seules leur permettraient de coexister sur une même terre ?

Lorsqu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des centaines de milliers de Juifs rejoignirent sur cette terre ceux qui avaient fui les pogroms, ils avaient derrière eux l'horreur du génocide et des camps de concentration. L'Etat israélien s'est bâti sur cette conviction inscrite dans la chair et la conscience de ces hommes qu'en Europe, il n'y avait pas de place pour eux. Mais sur la terre où ils arrivèrent, il y avait déjà le peuple palestinien qui n'était pour rien dans l'antisémitisme des pays d'Europe ni dans les horreurs du régime nazi.

L'arrivée d'une population juive venant de pays bien plus développés que ne l'était le Proche-Orient, avec un niveau élevé de culture et de connaissances, aurait pu être un apport pour des peuples maintenus pour la plupart dans la misère et l'obscurantisme par la domination des impérialismes anglais, français ou américain et de régimes arabes réactionnaires. Les nouveaux arrivants auraient pu contribuer à la libération des peuples de la région et forger dans la lutte commune la base d'une entente fraternelle. L'Etat d'Israël leur a forgé, au contraire, des chaînes supplémentaires. Car, qu'il ait été dirigé par la gauche ou par la droite, cet Etat a toujours mené la pire des politiques, celle du nationalisme sioniste, qui se résume à " Ote-toi de là que je m'y mette ".

Cette politique a eu pour pendant de chercher le soutien des puissances impérialistes trop contentes de trouver dans cette région explosive, proche des réserves de pétrole, un Etat capable de jouer le gendarme mieux que ne pouvaient le faire les régimes réactionnaires arabes.

Au gré des guerres successives, Israël chassa la majeure partie du peuple palestinien, en en faisant des réfugiés parqués dans des camps et transforma ceux qui restaient en opprimés sans espoir. Mais les avions, les chars et l'appui impérialiste qui ont permis à Israël de gagner des guerres contre les Etats arabes ne suffisent pas pour juguler un peuple.

Un peuple en révolte représente une force formidable, une force qui pourrait se démultiplier encore car la misère et l'oppression ne sont pas seulement le lot de la majorité du peuple palestinien, et pas seulement en Israël. Une des craintes majeures de l'impérialisme est que la révolte de la population pauvre de Palestine ne serve pas seulement d'exemple aux populations pauvres des pays voisins, mais qu'elle puisse leur offrir la perspective de combattre, aussi, l'oppression sociale et l'exploitation, et de trouver sur ce terrain l'oreille des exploités d'Israël. Mais c'est précisément cette perspective que refusent les dirigeants nationalistes.

La population pauvre de Palestine a toutes les raisons de considérer les dirigeants israéliens, le prétendu homme de gauche Barak et l'homme d'extrême droite Sharon, comme leurs ennemis. Mais ni Arafat ni les intégristes du Hamas ne sont pour autant leurs amis. La politique d'Arafat n'a abouti qu'à ce simulacre d'Etat qu'est l'Autorité palestinienne, à laquelle Israël n'a concédé que le droit de réprimer son propre peuple. Et le Hamas, qui profite de la perte de crédit d'Arafat, ne fait, avec sa politique terroriste, que creuser un peu plus le fossé entre les deux peuples et par là même renforcer l'extrême droite israélienne.

Et ceux qui, ici en France, croient exprimer leur solidarité avec les Palestiens en faisant des graffitis antisémites et, à plus forte raison, en mettant le feu à des bâtiments juifs sont au mieux des inconscients et bien souvent des salauds.

L'Etat d'Israël ne laisse au peuple palestinien d'autre voie que celle de la révolte. Mais la révolte n'ouvrira de perspective pour le peuple palestinien que si elle débouche sur une politique unissant les masses opprimées du Proche-Orient, aussi bien contre l'Etat d'Israël que contre les Etats arabes, et contre leurs protecteurs impérialistes. Par là même, elle ouvrira aussi une perspective pour le peuple israélien, car les gardiens eux aussi vivent en prison.

Partager