Convention de l'UNEDIC : C'est le Medef qui a le dernier mot20/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1684.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Convention de l'UNEDIC : C'est le Medef qui a le dernier mot

Malgré de gros efforts de mise en scène dans la presse et les médias, notamment du coup de fil entre Jospin et Seillière, le patron des patrons, la nouvelle convention de l'UNEDIC n'est pas encore signée. Pour le moment, deux syndicats, CGT et FO, manquent encore à l'appel. Et Jospin dit vouloir attendre une réunion de tous les partenaires sociaux avant de donner son agrément. Mais quelles que soient les péripéties encore à venir, tout indique que le patronat va tirer un maximum de fruits de l'offensive qu'il mène depuis sept mois contre les droits des chômeurs.

Quel est le contenu de la nouvelle convention ? Du fait d'une trésorerie excédentaire (étant donné que l'assurance-chômage a fort mal indemnisé les chômeurs dans la période antérieure), cela aurait été la moindre des choses que la nouvelle convention s'étende à un nombre plus grand de chômeurs. En fait, la porte est à peine entrebâillée. En posant comme base de calcul le principe de quatre mois travaillés au cours des 18 derniers mois, ce sont seulement 50 000 chômeurs de plus qui se verront indemnisés la première année et ensuite seulement 27 000 par an. A titre de comparaison, le mode de calcul proposé par la CGT mais pas retenu par l'UNEDIC (3 mois travaillés sur les 12 derniers mois) aurait intégré d'emblée 200 000 nouveaux chômeurs, puis 170 000 par an.

Le nombre des chômeurs indemnisés continuera donc à ne guère dépasser 42 %, c'est-à-dire même pas un chômeur sur deux. De plus, le niveau d'indemnisation ne va pas changer : 40 % de ceux-ci continueront de toucher moins d'un demi-SMIC.

Le système du PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) est acquis dans une version allégée. Le chômeur se voit désormais ouvrir des droits à indemnités en signant une convention avec l'ANPE : en cas de refus d'un emploi correspondant à " ses capacités professionnelles ", il perdra ses indemnités ce qui se faisait déjà. On prétend maintenant mieux définir le profil du demandeur d'emploi et de l'emploi recherché, façon d'imposer aux chômeurs de prendre l'emploi qu'on lui propose, aux conditions choisies par les patrons. A prendre ou à laisser.

Mais le patronat obtient dès maintenant des résultats et décroche un nouvel abaissement de ses charges. Une première baisse des cotisations de 0,38 point aura lieu au 1er janvier 2001. Deux autres baisses de 0,2 % interviendront au 1er janvier et au 1er juillet 2002. A cette date, les cotisations seront de 3,5 % (contre 3,97 %) pour les entreprises et 1,9 % (contre 2,21 %) pour les salariés. Au total, cela représentera sur trois ans un manque à gagner pour l'UNEDIC de 71 à 72 milliards de francs. La porte reste d'ailleurs ouverte à de nouveaux allégements de charges patronales.

L'Etat y trouvera aussi son compte grâce à une contribution de l'UNEDIC de 20 milliards répartis sur deux ans. Le baroud symbolique de Martine Aubry ne peut donner le change sur le choix du gouvernement qui a pratiquement déjà dit amen aux volontés du MEDEF.

Les déclarations de Seillière et de Kessler, rayonnants, indiquent que le patronat sort vainqueur de ce poker menteur, où il a bénéficié de la complicité d'une partie des syndicats et du gouvernement. En faisant dès le départ monter très haut la barre dans la négociation conventionnelle, en agitant la fausse menace de la fin du paritarisme, les représentants du patronat se donnaient évidemment les moyens d'obtenir, face à des partenaires à l'avance complaisants, sinon complices, l'essentiel de ce qu'ils réclamaient : l'allégement des charges et une pression plus forte sur les travailleurs à commencer par ceux privés d'emplois. Il y a longtemps que le gouvernement Jospin et le patronat jouent une comédie qui permet de sauver les apparences mais qui se solde chaque fois par des avantages supplémentaires au patronat. Gagnant de cette affaire, le patronat, dès que cette page sera tournée, continuera par la même méthode, et toujours avec le renfort de tout ou partie des syndicats, à menacer les retraites complémentaires, l'assurance-maladie ou ce qu'il peut rester de négociation collective. Pourquoi se gênerait-il, tant qu'on le laisse maître du jeu, et définissant les règles et le cadre.

Plus que jamais, les travailleurs peuvent seuls en modifier la donne !

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