Michelin Cholet (49) : Les jeunes ont gagné, le droit de grève aussi13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin Cholet (49) : Les jeunes ont gagné, le droit de grève aussi

En juin 2000, le conseil des prud'hommes de Cholet a condamné Michelin à payer leurs salaires à 6 jeunes CDD qui avaient été licenciés après la grève contre le travail du dimanche, en mai 1998. Ils avaient été licenciés pour " faute lourde " et la direction maintient toujours la procédure de licenciement qu'elle avait engagée à la même occasion contre un délégué du personnel. Michelin voulait faire un exemple.

Fin septembre 1998, les référés prud'homaux avaient ordonné la réintégration sous astreinte de 1 000 F par jour de retard pour chacun des jeunes et le paiement des salaires jusqu'à réintégration. Le patron avait alors payé 4 mois de salaire mais refusé la réintégration, ce qui lui avait coûté la somme de 81 000 F pour chacun des jeunes au titre de la liquidation de l'astreinte au tribunal d'instance. Il restait donc les salaires couvrant la période d'octobre 1998 jusqu'à la fin des contrats. Les Prud'hommes ont déclaré les licenciements nuls et les jeunes ont reçu 4 mois de salaire en plus.

Michelin a donc dû débourser pour chacun des jeunes la somme de 130 000 F environ. Pour eux, ce n'est pas négligeable ; et même si le patron n'est pas à ça près, cela est ressenti pour l'ensemble des travailleurs comme une victoire du droit de grève et une claque pour la direction. L'avocat de Michelin a écrit deux lettres demandant aux jeunes de rembourser les derniers mois de salaire, sinon il réclamerait le remboursement de l'astreinte : toujours le chantage et l'intimidation. Mais, la direction n'a fait appel, ni du jugement sur l'astreinte ni du dernier jugement des Prud'hommes et ne peut donc rien récupérer du tout.

Par ailleurs, trois délégués CGT ont saisi les Prud'hommes pour discrimination syndicale. Ils demandent des dommages et intérêts substantiels pour préjudice subi. Les trois délégués n'en font pas une affaire personnelle mais, par cette démarche, il s'agit pour eux de défendre le droit d'être délégué, le droit de s'organiser, de se syndiquer sans pour autant être sanctionné sur l'évolution de carrière, les salaires et les primes à la tête du client.

Plus généralement, il s'agit de défendre le droit de contester. Chez Michelin, n'importe quel travailleur, délégué ou non, qui émet des critiques, qui fait grève, qui s'oppose à l'encadrement, même sur des broutilles, est systématiquement écarté des augmentations individuelles. Le paternalisme, la carotte et le bâton, c'est toujours pour le patron un moyen de dissuader les travailleurs de se tourner vers les organisations ouvrières.

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