Les politiciens, les "affaires", et le monde des affaires13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les politiciens, les "affaires", et le monde des affaires

L'affaire Mery, si elle ne fait plus la Une des journaux, alimente toujours la chronique politicienne. Dans la gauche plurielle, certains notables du PS et des dirigeants des Verts réclament la démission de Chirac, ou du moins son audition devant la justice. A droite on a mis l'accent sur l'implication de Dominique Strauss-Kahn, dans cette rocambolesque histoire de cassette vidéo. Preuve que nous sommes entrés dans la guéguerre de la présidentielle, à supposer que nous n'y soyons pas depuis l'élection de 1995. Certes tout cela n'est guère ragoétant, mais cela fait partie, somme toute, du tout-venant politicien. Banal, pourrait-on dire.

Cette même banalité, on la retrouve dans les arguties échangées pour justifier ces pratiques. A commencer par cette prétendue nécessité, devant laquelle se seraient trouvés ces grands partis politiques, de recourir à de telles pratiques pour financer leur activité tant que n'existaient pas des règles codifiant le financement des partis. Belle mentalité !

Mais à voir l'énormité des sommes évoquées par les récentes révélations, les campagnes de ces gens-là exigeaient des moyens hors du commun. Cela vient illustrer le fait que ces partis, qui pourtant prétendent disposer de puissantes assises populaires, ne trouvent pas un soutien financier, des cotisations qui leur permettraient de financer leurs campagnes. Les pauvres ! Cela n'enlève rien au caractère choquant de ces pratiques, ni aux justifications qu'on leur donne.

Mais ce qui l'est encore plus, ce sont d'autres pratiques, qui sont, elles, tout à fait licites. Car cette affaire, qui vient après tant d'autres, et qui ne sera pas la dernière, met en évidence les relations entre le monde politique, les dirigeants de ces grands partis, ces gouvernants, ces notables, ces maires et autres détenteurs de pouvoirs (et de budgets) avec le monde des affaires. Il y a d'ailleurs un va-et-vient permanent, une interpénétration, entre ces deux mondes.

On a parlé de la récente conversion de Fréderique Bredin, ancienne ministre socialiste, démissionnant de son poste de députée pour devenir directrice d'un service du groupe Lagardère. A droite, Philippe Vasseur avait fait de même quelque temps auparavant. Mais il y a eu bien d'autres exemples de tels " transferts ", à commencer par celui de Martine Aubry qui fut n°2 du groupe Péchiney. Edith Cresson fut, elle, PDG d'une filiale du groupe Schneider. Edouard Balladur, entre deux mandats électifs, dirigea une filiale du groupe CGE. Des exemples de ce type, on pourrait en énumérer des dizaines, voire des centaines d'autres. Auxquels s'ajoute le fait qu'un homme comme Jérôme Monod, qui fut PDG de la puissante Lyonnaise des Eaux, puisse être l'un des conseillers politiques actuels de l'Elysée, auprès de Chirac, tout comme, André Rousselet, PDG des taxis G7, le fut auprès de son prédécesseur Mitterrand.

Cette situation, qui n'est pas moins choquante que les faits révélés par la cassette de Mery, ne fait pourtant pas scandale ; elle fait partie de la norme, et n'est pas sanctionnée par la loi. Pourtant elle montre que ce monde des affaires est en permanence " aux affaires ", et pèse bien plus que les citoyens-électeurs.

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