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Dans les entreprises
L'empire Bourgoin démantelé : Le " roi de la volaille " sauve ses plumes
Le tribunal de grande instance de Sens vient de décider vendredi 6 octobre le démantèlement de BSA, l'empire agroalimentaire de Bourgoin, suite au dépôt de bilan décidé le 22 août dernier par la société. Au même moment le " roi du poulet ", qui depuis juillet dernier officie en tant que président de la Ligue nationale de football, se coulait du bon temps en Afrique du Sud où il accompagnait l'équipe de France. Une attitude d'autant plus provocatrice qu'au même moment des centaines d'ouvriers du groupe apprenaient leur licenciement.
Le groupe de Bourgoin (près de 5 200 personnes) réunit une véritable kyrielle de sociétés tant dans le domaine de la découpe, de la transformation que de l'alimentation animale. Depuis 1994 il est dirigé par la fille de Bourgoin, situation imposée par les banques, en particulier le Crédit Agricole, à un moment où déjà l'ardoise s'allongeait. Bourgoin-père peut donc aujourd'hui se laver les mains et faire semblant d'ignorer un dépôt de bilan dont personne ne croit sérieusement qu'il y est étranger.
En fait pendant des années le groupe Bourgoin aura bénéficié d'aides à l'investissement pour les industries agroalimentaires, aides provenant tant de l'Etat que des banques et qu'il a utilisées pour développer son groupe, absorber des sociétés de la filière volaille. Cette phase d'expansion s'est faite sans aucun contrôle, pas même des deux principales banques, le Credit Lyonnais et le Crédit Agricole qui ont soutenu son développement. Il était de notoriété dans les milieux financiers que Bourgoin ne publiait plus ses comptes depuis des années. Cela n'a pas empêché l'Etat de poursuivre ses aides, alors que selon Les Echos du 6 octobre il existerait "plus de 800 millions de faux bilan accumulés ".
Mais ce qui est doublement scandaleux dans cette affaire, c'est qu'aujourd'hui 579 licenciements sont décidés et 433 ruptures de CDD prévues par le plan de redressement. La famille Bourgoin n'est pas touchée dans ses biens, dans ses richesses personnelles. Bourgoin-père pourra continuer à s'afficher dans les fêtes tropéziennes, continuer à se transporter dans son jet-privé, étaler partout sa mégalomanie de parvenu du capitalisme. Mais en Bretagne, dans le Gers, l'Yonne, le Gard, des centaines de travailleurs vont se retrouver à la rue dans des régions déjà fortement touchées par le chômage.
Cela, c'est la responsabilité de Bourgoin comme celle des banques et de l'Etat qui là encore ont dilapidé des milliards à fonds perdu en n'empêchant nullement des centaines de licenciements.