L'augmentation des salaires : Ne pas se contenter d'en parler !13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'augmentation des salaires : Ne pas se contenter d'en parler !

Après des années de blocage des salaires, après des années d'arrogance patronale où ceux qui réclamaient sur ce terrain se voyaient répondre : " Si tu n'es pas content, tu n'as qu'à prendre la porte ", quoi d'étonnant qu'aujourd'hui, au moment où l'on annonce des profits records pour les entreprises, le problème de l'augmentation des salaires revienne au premier plan des préoccupations du monde du travail ?

Tout le monde en parle, les journalistes, les hommes politiques, y compris Chirac. Oui, tout le monde en parle pour dire que cela pose un problème et pour s'inquiéter des éventuels conflits qui pourraient démarrer sur ce sujet.

Les confédérations syndicales en parlent également, Blondel pour FO, Thibault pour la CGT. Mais elles en parlent un peu à la mode de tous les autres, de façon générale et désincarnée, sans tracer de perspectives, ni même dresser ne serait-ce qu'une ébauche de plan de mobilisation. Bien sûr, fonction oblige, chacun ajoute sa touche personnelle. Blondel menace, s'il n'y avait pas de bonnes négociations, d'encourager ses camarades à faire des grèves. Mais il a précisé à la radio la limite de ses exigences : " Nous ne sommes pas en 1968, nous n'allons pas réclamer 10 % d'augmentation ". Quant à Thibault pour la CGT, qui est perçu comme le syndicat le plus combatif parmi les travailleurs, il se contente de dire qu'il faut réclamer une plus juste répartition des fruits de la richesse, ce qui est tout à fait juste, mais qui laisse sans réponse l'essentiel de la question. Car le problème est de savoir ce que la classe ouvrière devrait demander aujourd'hui pour obtenir "ce plus juste partage des richesses", et ensuite savoir les moyens qu'il faudrait mettre en oeuvre pour l'arracher. Sinon, on laisse les travailleurs, sans perspectives, isolés dans des luttes partielles et donc en position de faiblesse face à leur propre patron.

Car le patronat n'est pas décidé à abandonner, sans combat, ne serait-ce qu'une partie des formidables profits qu'il a amassés. C'est lui qui a été à l'offensive toutes ces dernières années, y compris encore aujourd'hui, pour imposer la baisse des salaires, l'aggravation des conditions de travail, la remise en cause des droits des chômeurs, et pour amputer les retraites. Si l'on parle de patronat arrogant, ce que tous les travailleurs ressentent, c'est bien que celui-ci se croit tout permis et qu'il faut une inversion majeure du rapport de force pour l'amener à reculer de façon conséquente sur les salaires et sur tout ce qu'il a repris ces dernières années.

Alors justement, le rôle des confédérations syndicales, si elles se plaçaient sans réserve dans le camp des travailleurs, serait de préparer la contre-offensive générale contre le patronat et le gouvernement qui accepte de se faire l'auxiliaire zélé de ce dernier.

Evidemment, cette contre- offensive ne peut se construire en une journée, il ne suffira pas de la décréter pour que tout d'un coup les choses changent. Mais chaque militant, chaque travailleur conscient, sait que le meilleur moyen pour redonner confiance dans les capacités des travailleurs à inverser le cours des choses serait de fixer une revendication commune à tous, suffisamment conséquente pour valoir la peine qu'on se batte à fond pour elle, et de proposer une lutte d'ensemble de la classe ouvrière autour de cet objectif.

Car le moyen de faire lutter efficacement, c'est bien de se servir de ce qui fait la supériorité absolue du monde du travail sur les patrons : son nombre, son unité, la conscience de ses intérêts communs, et sa détermination à agir pour son dû et ses droits.

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