Depuis mardi 3 octobre, les facteurs du bureau de poste de Paris 18-Montmartre sont en grève.

Au mois de juin, la direction avait profité du passage aux 35 heures pour supprimer huit tournées de facteurs, comme dans bien d'autres bureaux parisiens. Du coup, les tournées qui restent étant plus étendues, il est vite devenu évident qu'il n'était pas possible de distribuer le courrier dans les horaires normaux. Celui-ci s'accumule et bien des facteurs rentrent en retard au bureau, faisant ainsi des heures supplémentaires non payées pour porter les lettres.

C'est cette situation qui a provoqué le mécontentement des facteurs. La première revendication est donc le rétablissement des huit tournées supprimées en juin, ainsi que quatre jours de repos compensateur en contrepartie du surplus de travail effectué gratuitement. A cela s'ajoute l'exigence du passage en CDI, en contrat à durée indéterminée, de la vingtaine de facteurs qui sont actuellement en CDD. Il faut dire que La Poste maintient ces collègues dans une situation scandaleuse. Pour ne pas avoir à les embaucher en CDI, elle les laisse régulièrement toute une période sans renouveler leur contrat, les privant ainsi de revenu. Après quoi elle les rappelle. Ce manège dure pour certains depuis des années ! Pour ne pas leur accorder un CDI, La Poste prend prétexte que certains n'ont pas le permis de conduire, bien que 80 % des tournées se fassent à pied avec une sacoche ou un caddie. Mais La Poste veut du personnel qu'elle puisse déplacer où bon lui semble et en particulier sur la minorité des tournées qui se font en véhicule.

Après une semaine de grève la détermination n'a pas faibli. Il y a, suivant les jours, entre 120 et 150 grévistes sur les 270 personnes présentes à la distribution. Les chauffeurs ont rejoint le mouvement pour réclamer une prime de plusieurs centaines de francs qu'ont d'autres bureaux et que la direction ne veut pas leur accorder. Les employés des guichets se sont mis en grève à leur tour le jeudi 5 octobre pour réclamer quatre postes supplémentaires. La direction leur a donné satisfaction au bout de deux jours.

Jeudi, le jour où la grève était la plus forte, nous sommes allés rendre visite à nos camarades de Paris 9 qui étaient également en grève. Car partout à La Poste les problèmes sont les mêmes. Des mouvements se sont déroulés également dans d'autres centres, comme Paris 12. Tout près de nous, à l'agence de distribution des colis de Pont-Cardinet, la très grande majorité des 140 postiers sont eux aussi en grève depuis une semaine. Ils réclament 15 créations d'emplois et l'attribution de primes dont La Poste les prive pour l'instant. A force de réduire partout les effectifs, La Poste est arrivée à une situation où ce n'est plus vivable ! C'est ce que comprennent d'ailleurs aussi les usagers auxquels nous nous sommes adressés par tract.

Pour l'instant, la direction n'a rien cédé de sérieux. Alors la grève continue !