Lever (Haubourdin - Nord) : Le "plan social" ne passe pas22/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1680.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lever (Haubourdin - Nord) : Le "plan social" ne passe pas

Malgré le rapport de l'expert désigné par les syndicats, qui démontre amplement que les raisons économiques avancées pour fermer le site d'Haubourdin ne sont pas fondées, la direction essaye d'accélérer la procédure de liquidation.

Comme les syndicats refusaient de discuter du plan social avant que la direction d'Unilever s'explique notamment sur ses liens avec le repreneur espagnol Bilore qu'elle met en avant pour une partie du personnel, la direction nous a envoyé à domicile un résumé de son projet. A tous les licenciés, en plus des indemnités conventionnelles de licenciement, elle propose 100 000 F. Pour ceux qui seraient réembauchés par Bilore, dont les salaires sont 20 % inférieurs à ceux de Lever, s'ajouterait une indemnité globale correspondant au maintien du salaire, de l'ancienneté et des primes pendant trois ans ; quant à ceux qui n'iraient pas travailler chez le repreneur, et qui ont 54 ans ou plus, ils toucheraient une indemnité d'un mois de salaire par année restant à courir jusqu'à 60 ans.

Cela permet à la direction d'annoncer qu'un ouvrier de 55 ans en 3x8 avec 30 ans d'ancienneté recevrait une somme de 500 000 F s'il allait chez Bilore ou 413 000 F dans le cas contraire. Un agent de maîtrise dans le premier cas toucherait 721 000 F. Dans tous les autres cas, les indemnités seraient plus faibles.

La direction espérait peut-être ébranler quelques convictions avec ces sommes qui pourraient paraître importantes à première vue. Mais si Bilore ferme ses portes au bout de deux ou trois ans, comme beaucoup de " repreneurs " de la région l'ont déjà fait, s'il faut subir le chômage pendant cinq ans ou plus, que deviennent ces quelques centaines de milliers de francs ?

Cela fait des mois que nous aussi nous avons fait nos comptes. Alors la quasi-totalité des salariés de l'entreprise exigent qu'Unilever revienne sur sa décision de fermeture ou bien verse à chaque licencié un million de francs exonéré d'impôt... ou plus, ainsi que la préretraite pour ceux qui ont 50 ans et plus, financée par Lever. Ce ne sont pas les moyens financiers qui lui manquent. C'est pour cela que lors d'une AG, ces propositions de la direction ont été rejetées à la quasi-unanimité.

Pour se faire entendre, aussi bien des patrons de Lever que des dirigeants politiques, les travailleurs de Lever ont monté quelques expéditions pour vider les supermarchés autour de Lille de tous les produits fabriqués par Unilever... et il y a plusieurs centaines de références. Depuis, au moins deux supermarchés ont posé des affichettes pour expliquer pourquoi les clients ne trouvaient plus de produits Unilever en rayon. Le même jour, à la réunion du Comité central d'entreprise à Paris, la direction n'a pas semblé apprécier ce genre d'opération de " promotion ". Ce qui n'empêche pas que, de notre côté, nous soyons prêts à continuer !

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