Hôpital d'Argenteuil : Un rassemblement contre le licenciement d'Edith lecoq22/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1680.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital d'Argenteuil : Un rassemblement contre le licenciement d'Edith lecoq

Un rassemblement de près de 300 personnes a eu lieu le 12 septembre devant l'hôpital d'Argenteuil, en soutien à Edith Lecoq, l'infirmière révoquée par le directeur de l'hôpital à la suite d'une mobilisation contre l'application des 35 heures de nuit (cf. nos articles du mois d'août). De nombreuses délégations syndicales, mais aussi des délégations d'autres hôpitaux de la région parisienne, des entreprises d'Argenteuil et des communes voisines étaient présentes, ainsi que des militants politiques de différentes organisations, dont Arlette Laguiller.

Les premières sanctions et la procédure disciplinaire à l'encontre d'Edith (mutation d'office en équipe de jour, la coupant ainsi de ses collègues de nuit - sans parler d'une amputation de 3 000 F par mois de son salaire - et convocation du conseil de discipline) sont tombées, comme par hasard, au lendemain même d'une assemblée générale de la fin mai de l'équipe de nuit contre l'aménagement du temps de travail envisagé par le directeur.

Officiellement, on lui reproche, sur rapports de commande de trois cadres chargées de guetter ses faits et gestes, trois courtes absences de son service. En réalité, son dossier disciplinaire est si vide, les rapports desdits cadres si manifestement tendancieux, tardifs, imprécis et pour certains carrément mensongers, que le conseil de discipline, réuni début juillet, n'a voté aucune sanction à son encontre, ni les plus lourdes (dont la révocation), ni les un peu moins lourdes, ni les plus légères.

Mais le directeur a passé outre l'avis du conseil de discipline. Courant juillet, il a décidé, de son propre chef, de révoquer (autrement dit de licencier) cette militante syndicale, secrétaire de la section Sud-CRC de l'hôpital. Depuis, Edith a eu non seulement le soutien de ses collègues, de nombreuses organisations syndicales, associatives et politiques (CFDT, CGT, CNT, FO, FSU, SUD, Femmes solidaires, Ligue des Droits de l'Homme, LCR, Les Verts, LO, PCF, PT...) et différentes personnalités, mais également celui de la population d'Argenteuil qui continue de signer la pétition du comité de soutien qui s'est constitué en sa faveur (plus de 3 000 signatures à ce jour).

Infirmière depuis 30 ans, Edith est très loin d'être la professionnelle négligente qu'évoquent aujourd'hui les rumeurs et la campagne de dénigrement lancées contre elle par la direction de l'hôpital. Tous les rapports de notation annuels de sa hiérarchie, y compris les plus récents, parlent d'elle uniquement de façon élogieuse en reconnaissant sa conscience et sa disponibilité professionnelle, sa polyvalence et ses compétences. Dans le contexte de la mobilisation du personnel de nuit, le directeur a fait fabriquer de toutes pièces des rapports prétendant à une faute, uniquement pour se débarrasser d'une syndicaliste jugée gênante pour ses projets.

Voici quelques extraits de l'intervention d'Edith Lecoq lors de ce rassemblement :

" Mon crime, donc, parce qu'il fallait en trouver un, serait de m'être déplacée de mon service, de m'être absentée un moment (j'ajoute d'ailleurs pour des raisons syndicales). Comme si la direction n'était pas au courant que dans les services de nuit il existe une tolérance générale pour les courts déplacements d'un service à l'autre, à Argenteuil comme dans tous les autres hôpitaux du pays, pour des raisons évidentes propres aux contraintes de nuit. (...)

Mais il y a une autre tolérance de la direction, vis-à-vis d'elle-même cette fois, beaucoup moins légitime, et qui porte non pas sur quelques minutes d'absence, mais sur des absences de plusieurs heures voire de nuits entières. (...) Nul n'ignore que la nuit on nous impose de plus en plus fréquemment de doubler les services, parfois sur deux étages, faute de personnel suffisant. Là, on ne nous parle plus de la sécurité des malades. (...)

Et je vais vous dire la meilleure. C'est que dans mon dernier rapport d'appréciations pour les notations, celui de l'an dernier, de 1999, j'ai droit à une appréciation élogieuse pour avoir assuré avec efficacité la garde de nuit de deux, je dis bien deux, unités de gastro-entérologie. (...) Voyez-vous, on me considère comme particulièrement compétente pour assurer la garde de deux services simultanément (...) mais on me considère comme irresponsable qu'il faut révoquer séance tenante, pour un déplacement de quelques minutes alors qu'on peut me joindre immédiatement à tout instant.

... Notre mobilisation contre ma révocation dépasse de très loin un simple enjeu individuel (...). "

Edith a fait appel à la commission des recours de la fonction publique pour annuler la décision de révocation. Cette commission devrait sans doute se réunir courant octobre. En attendant, la mobilisation continue. Le comité de soutien à Edith appelle les personnels hospitaliers comme les travailleurs et habitants d'Argenteuil à participer à un nouveau rassemblement de soutien le samedi 14 octobre à 15 heures devant l'hôpital d'Argenteuil. Affaire à suivre.

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