France Télécom (Bagnolet - Seine-Saint-Denis) : Succès des grévistes22/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1680.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom (Bagnolet - Seine-Saint-Denis) : Succès des grévistes

Les grévistes ont repris le travail mardi 19 septembre au Centre international par opérateurs de France Télécom à Bagnolet (200 opérateurs au total à l'effectif). Et c'est sur une victoire qu'ils ont arrêté leur grève, qui durait depuis le 29 août avec des interruptions durant les trois jours des week-ends.

La direction avait déjà accepté depuis quelques jours de repousser à une période située entre fin 2001 et fin 2002 la fermeture de ce centre, qu'au milieu du mois d'août elle annonçait brutalement pour le début de l'an prochain. Elle avait accepté également de geler jusqu'à une date indéterminée la vague de 27 mutations d'office (ce qu'elle appelle des " redéploiements ") qu'elle avait annoncée, le 24 août, pour les semaines à venir.

Mais il restait la question des 25 premières mutations d'office qui, décrétées à la mi-août, avaient déclenché la grève le 29.

Cette liste des 25 " redéployés " était parfaitement arbitraire : la direction n'avait pas fait appel au volontariat mais avait sélectionné une série d'employés qu'elle jugeait indésirables pour une raison ou une autre, à qui elle avait adressé une sèche lettre individuelle. C'est cette volonté de la direction d'imposer sa loi qui, en particulier, n'est pas passée parmi les opérateurs du centre. Et c'est pourquoi, jeudi 14 septembre, malgré les premières concessions de la direction sur les autres mesures et des promesses vagues pour les fameux 25, les grévistes ont décidé, avec le comité de grève qu'une bonne centaine d'entre eux avaient élu dès le premier jour, de reconduire leur mouvement le lundi suivant.

Cela n'a pas eu l'heur de plaire dans les instances de direction, qui ont menacé, dans l'après-midi du 14, de revenir sur ce qu'elles venaient de promettre le matin du même jour ! Leurs représentants estimaient que nous devions préalablement lever tout préavis de grève.

Précisons que, si le syndicat SUD a soutenu et animé ce mouvement, l'attitude de la CGT a été fluctuante selon les moments et selon les militants, pour en venir à conseiller le recours à " d'autres formes d'action " quand il s'agissait surtout de tenir bon...

Finalement, lundi 18 septembre, la direction du Centre de Bagnolet, ayant reçu des représentants syndicaux et les représentants des grévistes (à savoir en fait tous les membres du comité de grève), cédait complètement sur la mutation autoritaire des 25. Elle s'est engagée sans condition sur le " retrait immédiat et sans condition de la liste des 25 redéployés nominativement annoncés, aucune mutation ou déplacement d'office ".

Nous n'avons pas pu obtenir le paiement, même partiel, de nos journées de grève, mais les retraits sur nos payes seront cependant échelonnés sur sept mois, à raison de deux jours par mois, soit environ 1 000 F.

D'autre part, des discussions vont se poursuivre avec les syndicats sur le montant de la prime dite " d'incitation au redéploiement " (15 000, 20 000 francs ? Davantage ?), ainsi que sur diverses autres garanties qui doivent accompagner les mutations des employés volontaires pour aller travailler dans d'autres services de l'entreprise.

Au total, nous avons donc repris le travail avec un sentiment de fierté (certains commentaient d'un " On a gagné notre dignité ! "), la fierté d'avoir réussi à imposer à France Télécom, cette puissance d'argent avec ses 25 milliards de profits rien que sur le dernier semestre (c'est plus que pour l'année 1999 tout entière), au moins un recul. C'est un recul local, certes, mais, compte tenu des méthodes et de l'arrogance de la direction vis-à-vis de l'ensemble du personnel, tout de même un recul significatif.

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