- Accueil
- Lutte ouvrière n°1680
- Education nationale : Le scandale de la précarité
Leur société
Education nationale : Le scandale de la précarité
A en croire la presse et les médias, la rentrée 2000 serait " techniquement " réussie. Les postes prévus seraient globalement pourvus. En somme l'Education nationale aurait réussi à " bien redistribuer " sa pénurie, le recrutement de 13 000 contractuels en septembre et de milliers de vacataires lui permettant de parer au plus pressé. Mais, comme on peut l'imaginer, les problèmes sont loin d'être réglés, que ce soit sur l'effectif des classes, l'état des locaux ou encore dans un domaine que les grèves de l'an dernier avaient posé avec force, celui des précaires à l'Education nationale.
En effet celle-ci a recruté pour cette année plus de 26 000 maîtres-auxiliaires et contractuels enseignants. Il faut ajouter à cela les personnels vacataires (" intérimaires " avec des " missions " de 200 heures annuelles seulement), les auxiliaires de la filière agents de service ou administatifs, les milliers de CES ou encore les nombreux emplois-jeunes.
Pour ce qui est des maîtres-auxiliaires et des contractuels de l'enseignement, leur nombre représente environ 5 à 6 % des professeurs des collèges et lycées. Mais leur répartition dépend souvent des académies. Ainsi les académies de Créteil, de Versailles ou de Lille en comptent proportionnellement plus que d'autres académies considérées comme moins difficiles.
Dans le primaire, l'appel à des étudiants recalés inscrits sur " listes complémentaires " s'est généralisé. Il s'agit de candidats ayant échoué au concours des professeurs des écoles mais dont le classement peut bénéficier du désistement d'un candidat reçu. Cette année l'Education nationale n'a pas attendu les désistements et a recruté 4 500 étudiants dans cette situation... mais comme auxiliaires !
Bref, le recours aux maîtres-auxiliaires, aux contractuels, aux vacataires, est systématique à l'Education nationale. Ces personnels servent de " bouche-trou ", travaillent souvent dans les établissements ou les académies les plus difficiles, cela pour un salaire et une retraite inférieurs à ceux d'un titulaire et avec une insécurité de l'emploi permanente plus forte encore chez les vacataires que chez les MA.
Le statut de ces personnels est d'autant plus scandaleux qu'ils font le même travail que les titulaires, assument les mêmes responsabilités, engagent le même investissement que n'importe quel enseignant. L'Education nationale sait bien que ce n'est pas leur compétence qui est en cause. Elle vérifie d'ailleurs leurs aptitudes par des inspections, comme pour les titulaires. Certains de ces auxiliaires sont détenteurs d'un doctorat d'Etat, la plupart d'une licence où encore d'une forte qualification professionnelle lorsqu'il s'agit de professeurs de Lycées professionnels (LP). Et d'ailleurs nombre de ces maîtres-auxiliaires ont une ancienneté de dix, quinze ans, voire davantage.
Alors l'Education nationale se réfugie derrière la sacro-sainte règle du concours de la Fonction publique pour refuser la titularisation immédiate à ces personnels. Les plans de résorption de l'auxiliariat se sont succédé ces dernières années mais ont toujours prévu des concours : concours réservés, concours spécifiques ou plus récemment examens professionnels. De plus ces concours sont interdits aux enseignants n'appartenant pas à l'Union Européenne. Les enseignants originaires du Maghreb ou d'Afrique noire, nombreux dans certaines académies, en particulier Créteil ou Versailles, en sont exclus. Pour tous les autres, cela signifie d'une manière ou d'une autre qu'il leur faut " plancher " pour décrocher le concours avec toutes les difficultés cumulées que représentent les charges familiales, une activité professionnelle à plein temps (souvent exercée dans les conditions les plus difficiles) ou parfois l'arbitraire pur et simple d'un jury zélé !