Belgique : Face à la hausse des carburants un début de mobilisation des travailleurs22/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1680.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Face à la hausse des carburants un début de mobilisation des travailleurs

Jeudi 14 septembre, les transporteurs routiers belges levaient leurs barrages à minuit après avoir obtenu l'équivalent de quelque 590 millions de francs français de cadeaux, essentiellement sous forme de baisses de charges sociales et non de réduction des taxes sur le gasoil.

Mais ce même jeudi et le lendemain, ce sont les travailleurs de plusieurs grandes entreprises de Wallonie, notamment autour de Liège et Charleroi, qui, à l'appel des militants syndicaux locaux, débrayaient pour protester à leur tour contre la hausse des prix pétroliers. Ces mouvements avaient bien sûr pour objectif non de soutenir les patrons routiers, mais de défendre les revendications des salariés.

Avant même les manifestations des routiers, la direction de la FGTB (Fédération Générale des Travailleurs de Belgique, socialiste) avait organisé quelques actions. Mais celles-ci restaient symboliques et ne demandaient des aides que pour les plus démunis. Ce sont pourtant tous les salariés qui sont touchés. Le prix du mazout de chauffage a été multiplié par 2,5 depuis le début de l'année, et beaucoup d'ouvriers doivent remplir leurs cuves avant le début de l'hiver. Et tous ceux qui se rendent au travail en voiture faute de transports publics ont des revenus fortement amputés par les hausses du gasoil et de l'essence.

Lors de ces débrayages, des militants syndicaux ont mis en avant la baisse des prix des carburants, en prenant sur les profits des multinationales pétrolières, et aussi l'augmentation des salaires, et le rétablissement de l'ancien index (l'indice des prix). C'est qu'en 1993, les carburants (ainsi que les cigarettes) avaient été supprimés du calcul d'un nouvel index dit " santé ".

Le président de la FGTB wallonne, Urbain Destrée, a repris à son compte ces mêmes revendications qui vont bien au-delà de celles de la direction nationale du syndicat. Et il a déclaré que la FGTB wallonne mettrait sur la table des négociations salariales d'octobre la réintroduction des carburants dans l'index. Mais le président de l'interrégionale wallonne FGTB est coutumier de ce radicalisme verbal sans suite concrète.

Le gouvernement (Libéraux, Socialistes et Verts) ne semble pas avoir été beaucoup impressionné. Il s'est contenté vendredi 15 septembre d'annoncer la distribution de chèques mazout pour les plus bas revenus, soit une réduction maximale de 813 francs sur les factures de mazout pour 400 000 ou 500 000 ménages les plus pauvres. C'est bien insuffisant pour les plus démunis et cela ne règle absolument rien pour la majorité des travailleurs, tant pour les hausses passées, que pour celles à venir si la flambée des prix des carburants se poursuit.

Lundi 18, la FGTB wallonne appelait à une journée de grève et à une manifestation à Liège. De 5 000 à 7 000 travailleurs s'y sont rendus. Une autre manifestation était prévue mercredi 20, devant le domicile d'Albert Frère, un des gros actionnaires des compagnies pétrolières. Et une manifestation est prévue à Bruxelles pour le 3 octobre. La direction de la CSC (Confédération des Syndicats Chrétiens) semble vouloir rallier ces initiatives. En fin 1993, un vaste mouvement de grève contre la mise en place des mesures d'austérité, encore en vigueur aujourd'hui, avait été cassé par les directions de la FGTB et de la CSC. Mais à quelques semaines des élections communales du 8 octobre et après la claque prise en 1999, certains dirigeants socialistes, relayés par des responsables de la FGTB, ont sans doute envie de redorer leur blason dans leur électorat populaire, quitte à poser quelques dilemmes à leurs " camarades ministres ".

Car le gouvernement est embarqué dans la préparation d'un plan de réduction d'impôts, essentiellement en faveur du patronat bien sûr. Et toute concession aux salariés, du public comme du privé, ne pourrait que remettre en cause une partie des nouveaux cadeaux aux patrons.

Alors il faudra que les travailleurs puissent dépasser les limites des dirigeants de la FGTB et de la CSC pour imposer la fin des mesures d'austérité qui ont fortement réduit le niveau de vie des travailleurs de Belgique depuis près de vingt ans.

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