Autriche : L'Union européenne arrête la comédie des sanctions22/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1680.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Autriche : L'Union européenne arrête la comédie des sanctions

Le Conseil des ministres européens, présidé actuellement par la France, a décidé le 12 septembre la levée des sanctions décidées en février dernier contre l'Autriche. Quelques jours auparavant, un rapport commandé par l'Union européenne et censé examiner " l'évolution de la nature politique du FP... ", le parti d'extrême droite autrichien qui a des ministres dans le gouvernement de Vienne, avait conclu à la nécessité pour l'Union européenne de normaliser les relations avec l'Autriche.

En février dernier, après que la droite et l'extrême droite s'étaient partagé le pouvoir en Autriche, nombre de politiciens européens, Chirac en tête, avaient poussé des hauts cris et déclaré qu'un parti qui clamait haut et fort des positions ouvertement xénophobes comme celui de Haider, allait à l'encontre de la " communauté de valeurs de l'Europe ".

Cette désapprobation affichée, qui était d'ailleurs loin de faire l'unanimité parmi les dirigeants européens, donna lieu à des " sanctions " de pure forme. Il est vrai que des sanctions plus tangibles, comparables à celles imposées à l'Irak ou le blocus de Cuba, auraient été inacceptables, puisqu'elles auraient été surtout supportées par la population, sans plus égratigner le parti de Haider.

Dans la période où l'Autriche était mise au piquet de l'Union européenne, les quatorze autres gouvernements de la Communauté se sont dispensés de rencontrer les ministres autrichiens en tête-à-tête et de soutenir les candidatures autrichiennes dans les instances internationales. Quelques-uns ont fait du zèle : le ministre belge des Affaires étrangères a déconseillé à la population d'aller faire du ski en Autriche. Et Aubry, pour ne pas laisser la vedette à Chirac, avait quitté une réunion où une ministre autrichienne devait prendre la parole.

Fin juin, le ministre français des Affaires européennes, le socialiste Pierre Moscovici, affichant la fermeté, avait déclaré que, pour lever les sanctions, " il faudra que des évolutions profondes interviennent et notamment des évolutions dans la nature du FP... ".

Les voilà tous réconciliés par les trois " sages ". Ceux-ci viennent en effet de fournir ce certificat de bonne conduite. Comme souvent en politique politicienne, les sages se sont contentés de changer l'étiquette pour rendre le FP... plus acceptable : il n'est plus d'extrême droite et devient " un parti populiste de droite avec des éléments radicaux ".

Finies les déclarations ronflantes et les poses indignées, tandis que le FP... et Haider vont continuer à jouer sur la xénophobie et l'antisémitisme à leur guise, puisque c'est leur fonds de commerce. Il est clair au moins qu'entre eux et d'autres politiciens, soi-disant plus " sages ", il y a quelques nuances... mais aucune opposition irréductible.

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