" Pour la France, et à la suggestion de Mme Dominique Voynet, je souhaite que soit mis sur pied avant la fin de cette année un plan d'économies d'énergie qui touche l'ensemble des secteurs d'activité ", a déclaré Jospin, le 11 septembre dernier, à Lyon, lors de l'ouverture de la conférence préparatoire sur les changements climatiques.

Voilà donc revenue la " chasse au gaspi " dont l'annonce a rabiboché Jospin et Voynet (sinon l'ensemble des Verts), entre lesquels les cadeaux faits aux patrons routiers avaient jeté la zizanie. Une zizanie tout épidermique et qui ne risque jamais d'entraîner les Verts bien loin des jardins de Matignon...

En tout cas, il a suffi que Jospin annonce vaguement un tel plan pour que Voynet affiche son contentement et précise quant à elle qu'il s'agit là de " mettre l'accent sur des mesures nouvelles dans le secteur des transports, dans le secteur de l'industrie, dans le secteur de l'habitat, bref tous azimuts ". Tous azimuts, c'est beaucoup dire quand on connaît sa position sur le prix des carburants, par exemple. Rien de tel en effet pour contraindre les milieux populaires à des économies d'énergie en ce domaine que de faire monter les prix ! " Supprimez la voiture aux ouvriers, vous roulerez " : ce que disait Coluche en forme de dérision face à la stupidité et à l'arrogance des riches, Voynet pourrait le reprendre à son compte, tout à fait sérieusement cette fois.

Cette nouvelle " chasse au gaspi " pourrait bien devenir un prétexte supplémentaire pour, d'une part, subventionner les entreprises et les patrons " tous azimuts " afin de les inciter (avec l'efficacité habituelle...) à faire des économies d'énergie et, d'autre part, pour trouver les moyens d'imposer de nouveau restrictions et sacrifices à la population laborieuse.

Ainsi, parmi les premières mesures évoquées au titre de la maîtrise des dépenses d'énergie, figurent déjà des aides aux investissements en matière d'isolement des constructions. Les constructeurs seront donc subventionnés pour isoler les bâtiments, ce qui ne les empêchera sans doute pas de répercuter sur les loyers ou les prix de vente une qualité améliorée !

Certes, Jospin a également évoqué une nouvelle écotaxe, sur les dépenses énergétiques des industries, devant rapporter 4 à 6 milliards de francs à l'Etat. Mais ce n'est pas grand-chose et encore faudra-t-il voir si elle dépassera le stade de l'annonce. En revanche, pour ce qui est des produits pétroliers, les choses sont immédiates, claires et nettes : il n'est pas question de baisser le prix à la pompe, car il faut " faire en sorte que le prix acquitté par les utilisateurs prenne en compte le coût pour la collectivité de la consommation des énergies fossiles ", précise Jospin. On vous le disait : le pollueur, c'est le consommateur ; il doit donc payer ; et le plus cher possible !

Quand Jospin et Voynet projettent de maîtriser les dépenses d'énergie, il y a donc de quoi se demander ce que le gouvernement va encore inventer pour nous faire les poches.