Transport routier : Ceux qui roulent pour eux15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Transport routier : Ceux qui roulent pour eux

En ce qui concerne les salariés de la corporation du transport routier, les bas salaires demeurent la règle. Un chauffeur routier gagne en moyenne un salaire de 7 640 F brut pour 169 heures par mois, soit 39 heures par semaine. Mais bien souvent, il effectue en réalité 200 heures par mois, voire plus.

Pour faire plus de profits, le patronat multiplie la rotation des camions, accroît la surcharge de travail des chauffeurs. Il les contraint à effectuer des heures supplémentaires en pagaille, en infraction avec la législation, à dépasser les limitations de vitesse pour livrer les marchandises en temps et en heure, à contourner les interdictions de circulation le dimanche, en faisant voyager des produits industriels derrière les palettes de produits frais. Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que le taux d'accidents du travail du transport routier soit en hausse constante et se situe au deuxième rang, juste derrière le bâtiment !

Mettant à profit une concurrence sauvage (même si certains de ses membres peuvent en être victimes) pour faire baisser les salaires et aggraver l'exploitation des chauffeurs, le patronat du transport routier n'est pas celui qui se montre le plus attentif au respect du code du travail et de la législation sociale. La grève des chauffeurs routiers de 1996, pour la retraite à 55 ans, le paiement de toutes les heures travaillées et l'octroi d'une prime de 3 000 F, avait été le résultat du ras-le-bol des chauffeurs routiers, victimes de la surexploitation. Cette grève avait contraint le patronat - avec l'arbitrage du gouvernement - à reculer et à céder sur les salaires, les conditions de travail et de conduite.

Quatre ans plus tard, nombre de chauffeurs n'ont jamais vu la couleur de ladite prime... ou du paiement ou de la régularisation des heures supplémentaires qui, encore aujourd'hui, restent trop souvent impayées. En revanche, la dégradation des conditions de travail s'accentue. Les rares contrôles et des amendes dérisoires n'incitent guère le patronat du transport à changer de politique. Et pourquoi le ferait-il, puisqu'il sait qu'il peut compter, à chaque fois, sur la compréhension et la bienveillance du gouvernement, bien plus sensible à satisfaire ses intérêts qu'à défendre ceux des salariés de la route !

Partager