Pétrole : Derrière la hausse du prix du brut15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Pétrole : Derrière la hausse du prix du brut

Le principal chef d'accusation avancé contre l'OPEP est d'avoir provoqué une pénurie artificielle de pétrole en limitant sa production, faisant ainsi monter le prix du pétrole.

Mais cette hausse est toute relative. Car si le cours du pétrole est passé de 10 dollars en 1998 à plus de 30 dollars aujourd'hui, c'est aussi suite à une chute brutale en 1998. Le prix d'aujourd'hui est en fait comparable à celui de 1984. Qui plus est, d'après les calculs d'un économiste, si l'on tient compte de l'inflation, le baril vaut moitié moins qu'au milieu des années 1980 et un peu moins qu'en 1974.

Quant à la pénurie de pétrole dont on parle, elle laisse certains spécialistes sceptiques. Selon eux, les chiffres ne collent pas. " Il y a des barils qui manquent ", explique l'un d'entre eux, ajoutant que cela pourrait être dû au fait que des quantités importantes de pétrole seraient stockées à des fins spéculatives.

Et en effet le pétrole est lui aussi l'objet d'une spéculation financière intense. Ce que l'on appelle communément le " prix du marché " est en fait le prix auquel se vendent des bouts de papiers représentant des quantités de pétrole données sur le marché des matières premières de Londres. Il s'agit d'un marché financier comme les autres où les transactions et les variations de cours résultent non de la situation réelle mais d'une anticipation des bénéfices escomptés dans le futur. Et rien n'empêche donc ce marché de voir des " bulles " spéculatives, tout comme le marché boursier, qui gonflent hors de toute proportion les variations de la production et des besoins réels de pétrole.

Mais bien sûr, ce mécanisme artificiel et spéculatif de fixation du prix du baril n'empêche pas les trusts pétroliers d'utiliser ce prix comme valeur de référence (quand cela les arrange s'entend) pour vendre leur pétrole au jour le jour et en tirer les surprofits que l'on sait.

Donc selon certains experts, le gonflement actuel du prix du baril tiendrait bien plus de la spéculation que d'une pénurie réelle. Mais même en supposant qu'il y ait réellement pénurie de pétrole, qu'est-ce qui empêche les pays riches qui en réclament à cor et à cri d'augmenter leur propre production, à commencer par les USA ?

Justement c'est bien là que le bât blesse les majors, ou plutôt leurs appétits de profits. Car compte tenu des coûts de production bien plus élevés aux USA, et en général dans les pays industrialisés, il leur faut de toute façon une forte hausse du prix du pétrole pour s'y assurer une profitabilité suffisante à leurs yeux. Ce n'est pas par hasard si l'on a noté une brusque augmentation des têtes de forages actives aux USA et au Canada (de 60 % environ) au cours de l'année écoulée, justement du fait de la remontée des cours. Comme les investissements dans la prospection sont descendus à leur niveau le plus bas en 1998, cela veut sans doute dire qu'il s'agit en grande partie d'installations dont l'exploitation avait été temporairement abandonnée faute d'une rentabilité suffisante.

Et l'on nous dit que ce ne sont pas les trusts qui poussent à l'augmentation du baril !

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