Michelin - Clermont-Ferrand : Grève contre les 35 h à la sauce Michelin-Aubry15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin - Clermont-Ferrand : Grève contre les 35 h à la sauce Michelin-Aubry

La rentrée à peine faite, plus d'un millier de travailleurs clermontois - auxquels s'ajoutent ceux des usines de Tours, La Roche-sur-Yon, Roanne et Le Puy - ont répondu à l'appel des syndicats en faisant grève, une fois de plus, pour exprimer leur refus des projets de la direction concernant l'application des 35 heures, et pour ne pas avoir plus de samedis travaillés.

Les projets de la direction : nouvel emballage, même mouture

Après s'être montré très hostile aux 35 heures qui, selon lui, allaient " être catastrophiques ", Michelin les accepte maintenant à bras ouverts et se montre pressé d'obtenir l'accord des syndicats. Cela lui permettrait de toucher au passage un cadeau supplémentaire du gouvernement : 200 millions de francs selon les estimations syndicales.

Il s'agit d'obtenir - selon le directeur de la communication des usines Michelin en Europe, car maintenant on communique beaucoup - " de la souplesse en fonction du marché ". On a tous compris : il s'agit de flexibilité accrue.

Les ouvriers, " agents " dans le jargon de la " Maison " et les employés et techniciens, désignés, eux, comme " collaborateurs ", devraient faire des horaires aggravés. Les ouvriers en équipes et tournant en postes de 3´8 devraient venir encore trop de samedis à l'usine, au minimum quinze. Tandis que les employés et techniciens, qui n'ont pratiquement jamais travaillé le samedi jusqu'ici, devraient venir au moins cinq samedis par an. En effet, la direction veut décider " selon les besoins ". Pour faire avaler cette pilule-là, il est question de leur accorder, uniquement à eux, une dizaine de jours de repos supplémentaires.

Pour les ouvriers, en plus des quinze samedis minimum, il faut s'attendre, là encore en fonction des besoins de la production, à des heures supplémentaires modulées : les unes obligatoires avec certaines compensations ; d'autres faisant appel au volontariat.

Concernant l'emploi, Michelin fait le généreux en évoquant l'hypothèse, quand les syndicats auront signé, de créer 800 à 1 000 emplois sur l'ensemble des sites en France. Mais cela ne saurait faire oublier qu'on est très loin du compte en comparant avec les 7 500 postes supprimés, qui concernent toutes les usines Michelin en Europe.

Quant aux salaires, c'est toujours le quasi-blocage. La direction promet une augmentation de 2,5 % pour les ouvriers et de 3 % pour les autres, mais seulement à partir de mai 2001 !

Voilà comment Michelin veut renforcer la productivité pour grossir ses profits. C'est cela qui paraît inacceptable et qui explique les réactions à répétition.

Une journée de grève

Comme les autres fois, les syndicats CGT, CFDT et FO ont appelé les ouvriers à un débrayage, sans en préciser la durée. Jeudi 7 septembre, les équipes du matin se sont donc rassemblées devant l'entrée principale de l'usine de Cataroux. Après les discours syndicaux, sauf la CFDT dont le secrétaire est démissionnaire et qui n'a pas voulu s'exprimer, ce fut le défilé bon enfant jusqu'aux Carmes de plusieurs centaines de grévistes. Là, ceux-ci se sont heurtés aux portes soigneusement fermées et gardées par un fort service d'ordre de cadres et de chefs pour les empêcher de monter dans les étages.

L'après-midi, c'étaient les équipes du soir et de nuit qui étaient appelées. Un peu moins nombreux que le matin, les travailleurs de ces équipes sont allés, en longeant extérieurement les longs murs de Cataroux, jusqu'au grand carrefour des Pistes pour distribuer un tract et brûler quelques pneus.

Ce sont les perspectives claires qui manquent. Cette journée de grève ressemble beaucoup aux précédentes : bien limitée à un cadre syndical, sans qu'il y ait volonté d'aller plus loin. Cela a toujours lieu la veille d'une réunion paritaire. Ce sera la dixième, mercredi 13 septembre.

Mais les profits de Michelin montrent qu'il aurait largement de quoi payer une réduction du temps de travail dans des conditions correctes et de meilleurs salaires.

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