La rentrée du parlement européen15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La rentrée du parlement européen

Plus de quarante ans après le Traité de Rome, censé avoir ouvert aux habitants d'une " Europe " plus ou moins unie la liberté d'y circuler et de s'y établir où ils veulent, la réalité est fort différente. Car les quinze Etats de l'Union européenne (UE) opposent bien des obstacles à ce droit prétendu garanti non seulement à leurs citoyens mais aux ressortissants de pays tiers qui y sont établis, a constaté un rapport de la députée Verte Alima Boumediene-Thiery présenté à la session de septembre du Parlement européen à Strasbourg.

liberté de circulation : pour qui et pour quoi ?

" Tous les travailleurs immigrés qui vivent et travaillent dans quelque pays de l'Union européenne que ce soit doivent avoir les mêmes droits et les mêmes libertés [...] que les ressortissants de l'UE ", ont affirmé les trois élues européennes de Lutte Ouvrière. Et, malgré les limites du rapport à cet égard, elles l'ont " voté car les mesures qu'il préconise représentent un progrès par rapport à la situation actuelle déplorable des travailleurs immigrés et des travailleurs migrants ressortissants de l'UE ".

La session a encore discuté de libre circulation en Europe, mais des capitaux, et dans le cadre d'une " économie de marché ouverte ". Une résolution traitant des fusions dans les télécommunications, les députées de Lutte Ouvrière s'y sont opposées, soulignant que " toute idée de service public y est gommée " et que " l'évocation vague d'une "garantie quant à la croissance et l'emploi" ne protégera certainement pas les travailleurs contre les licenciements prévisibles à l'occasion des fusions futures ". Mais l'ode à la concurrence contenue dans la résolution a apparemment été du goût de la quasi-totalité des députés, de l'extrême droite à la gauche plurielle, car il n'y eut en tout que dix voix contre, dont celles des élus de Lutte Ouvrière et de la LCR.

Faut-il un Observatoire des mutations industrielles ? Plusieurs textes s'opposaient dont un soutenu par la commissaire européenne aux Affaires sociales, la socialiste grecque Anna Diamantopoulou. Lors des débats préparatoires à la commission Economie, notre camarade Armonie Bordes, salariée d'un géant de la chimie qui accumule des profits en supprimant des emplois par milliers, avait rappelé que, " faute de volonté politique d'interdire les licenciements ", prétendre " limiter la casse " en amont des restructurations, but affiché du projet, c'était du vent.

En séance plénière, la commissaire européenne le confirmait à sa façon en disant qu'il n'était pas question de s'immiscer dans les affaires du patronat. La secrétaire d'Etat française au Budget, Florence Parly, et le groupe socialiste européen, eux, parlaient d'" informer les salariés ", décrivant l'Observatoire comme " une structure légère et souple ". Malgré ce bla-bla destiné à l'amadouer, la droite a maintenu son refus de principe d'un tel Observatoire et finalement l'a emporté. Armonie Bordes a donc déclaré : " L'unanimité de la droite [...] confirme seulement qu'elle refuse la moindre transparence sur les conséquences, désastreuses pour la société, des fermetures d'usines et des licenciements qu'on a le culot de nous présenter comme inévitables pour faire face aux mutations. (Cela, bien que) cet observatoire ne pourrait être qu'un instrument statistique qui, dans cette société de classe, ne sera même pas objectif ". Et d'ajouter : " La plupart des fusions ou restructurations sont des opérations financières (et) c'est toujours aux travailleurs qu'on en fait payer le prix, jamais aux actionnaires. Alors, je dis aux travailleurs qu'ils peuvent et doivent se défendre, en particulier en imposant l'interdiction des licenciements à toute entreprise qui fait des profits ".

Un langage qui n'était pas pour plaire aux patrons dont les multiples lobbies s'activent au Parlement européen et autour des députés. Durant cette session, d'ailleurs, l'UNICE (union patronale européenne dont fait partie le MEDEF) avait organisé une réception pour les parlementaires européens dans les locaux du Parlement, une réception où la présidente de ce même Parlement, Nicole Fontaine, " a bien voulu accepter d'intervenir ", précisait le carton d'invitation.

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