Israël-Palestine : Le blocage comme toujours15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : Le blocage comme toujours

Confronté aux pressions internationales et du gouvernement américain en particulier, le Conseil central de l'OLP a finalement décidé de reporter sine die la proclamation unilatérale de l'Etat palestinien. Cette menace que Yasser Arafat brandissait pour le 13 septembre dernier, date anniversaire des accords d'Oslo (1993), avait pour but de faire pression sur l'Etat israélien pour tenter de faire accélérer les négociations, relancées sous le parrainage de Clinton à Camp David en juillet.

En renonçant à cette proclamation, Arafat ne sort sûrement pas grandi aux yeux d'une population palestinienne qui aujourd'hui a bien des raisons de se sentir flouée et humiliée. D'autant qu'il s'agit d'une énième reculade des représentants de l'Autorité palestinienne face à l'intransigeance de l'Etat hébreu et à la volonté des grandes puissances impérialistes.

Pour l'heure, les négociations achoppent sur plusieurs dossiers importants, comme le sort réservé aux réfugiés palestiniens, le futur statut de Jérusalem, l'avenir des colonies juives et la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.

Jusqu'à présent, les propositions de l'Etat hébreu sont inacceptables pour les représentants palestiniens puisqu'il s'oppose à toute indemnisation des Palestiniens spoliés et chassés par la force de leurs territoires. De même, le gouvernement d'Ehoud Barak, sensible à la pression des milieux intégristes et de l'extrême droite israélienne, continue à soutenir les colons qui n'acceptent pas de devenir des citoyens du futur Etat palestinien et refuse de démanteler les colonies implantées sur l'ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967. Ce faisant, il condamne le futur Etat palestinien à n'exister que sur une portion réduite de territoire, de surcroît morcelée en une multitude d'enclaves sans continuité géographique, sans avenir économique et entourées de barbelés. Enfin, le fait que le gouvernement israélien, non content de refuser aux Palestiniens la possibilité de faire de la partie arabe de Jérusalem la capitale de leur futur Etat, cautionne l'ouverture d'une synagogue sur l'esplanade de la mosquée El Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, ne peut être ressenti que comme une provocation et une humiliation supplémentaire.

Le rapport de force actuel n'est guère en faveur d'Arafat et de l'OLP. Et il faut rappeler que les dirigeants israéliens n'avaient fait la concession constituée par les accords d'Oslo de 1993 que pour faire cesser l'Intifada, la révolte de la population palestinienne qui durait depuis 1987. Depuis, l'Intifada a cessé, les dirigeants palestiniens se sont chargés de faire eux-mêmes la police contre leur propre peuple en échange de quelques bouts de pouvoir que les dirigeants israéliens leur ont concédés. Ceux-ci ne se sentent donc nullement contraints de faire des concessions supplémentaires, tandis qu'Arafat et les dirigeants palestiniens sont engagés dans une logique de capitulations successives.

Les dirigeants d'Israël sont donc revenus à leur politique traditionnelle d'immobilisme, en rejetant comme d'habitude la faute de la situation sur " l'intransigeance palestinienne ". Ils peuvent sans doute obtenir d'Arafat d'autres reculs. Mais, par leur attitude, le gouvernement israélien et son bailleur de fonds américain risquent aussi de rallumer la colère des premiers concernés, c'est-à-dire la population palestinienne. Et c'est bien cette colère qui, tôt ou tard, obligera le gouvernement d'Israël à de nouveaux reculs.

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