C'est à nous de taper du poing sur la table !15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

C'est à nous de taper du poing sur la table !

Les barrages autour des dépôts de carburants et des raffineries ont été levés et les stations d'essence sont de nouveau approvisionnées. Mais, pour les consommateurs, l'essence et le gazole coûteront aussi cher qu'avant le conflit.

Les patrons routiers ont tiré leur épingle du jeu, surtout ceux qui sont à la tête des entreprises les plus importantes. Car il en va des patrons routiers comme des agriculteurs et de bien d'autres catégories sociales, taxis, ambulanciers ou marins-pêcheurs : les plus gros se servent des difficultés des petits pour justifier leurs exigences vis-à-vis de l'Etat.

L'ensemble des mesures prises par le gouvernement en faveur des patrons routiers représente une aide de 17 500 F par camion. Cela ne permettra sans doute aux plus petits que de se maintenir la tête hors de l'eau alors que les grandes sociétés de transport, celles qui possèdent 100, 200 camions, voire plus, empocheront des sommes considérables. Sommes dont, bien entendu, les salariés de ces entreprises ne verront pas la couleur. Les entreprises de transport ajouteront les aides de l'Etat à leurs bénéfices et continueront à imposer à leurs chauffeurs des salaires misérables et des horaires de travail déments.

Les grandes entreprises du transport routier sont d'autant moins à plaindre qu'elles bénéficient déjà de cette subvention déguisée qu'est l'utilisation du réseau routier mis à leur disposition par l'Etat et qui les favorise par rapport aux chemins de fer qui constituent pourtant, dans bien des cas, une forme de transport plus rationnelle pour la société. C'est pourtant devant leurs exigences que l'Etat a cédé.

Et les autres usagers ? Ceux, notamment, des classes populaires pour qui la voiture n'est pas seulement un élément de loisir mais un moyen de locomotion, indispensable pour se rendre au travail ?

Les hausses du prix de l'essence et du gazole grèvent lourdement le budget des familles ouvrières. Et quoi qu'en disent les Verts, les travailleurs qui se servent de leurs voitures n'ont pas le choix, tant les réseaux de transport public sont insuffisants, mal conçus et déficients. Il faut être vraiment loin des problèmes et des difficultés des travailleurs pour leur conseiller hypocritement de préférer des transports en commun bondés ou pour les obliger, en rendant de plus en plus cher le carburant, à ajouter à leur journée de travail des heures de transport dans des conditions pénibles.

Mais le gouvernement qui a choisi de céder rapidement aux patrons routiers n'envisage nullement de toucher aux taxes pétrolières ni à la TVA qui constituent le gros du prix des produits pétroliers. Ces taxes sur des produits de grande consommation, comme tous les impôts indirects, sont particulièrement injustes. Les plus riches les paient exactement au même taux que les plus pauvres. Un gouvernement qui aurait en vue les intérêts de l'écrasante majorité de la société devrait supprimer tous les impôts indirects et les remplacer par des impôts fortement progressifs sur les revenus frappant les classes privilégiées, et non sur les salaires bas et moyens. Cela ne serait que justice, et un moyen de redistribution sociale. Comme il ne serait que justice d'augmenter fortement les prélèvements sur les profits des grandes entreprises.

A commencer par ces sociétés pétrolières qui affichent des profits insolents. Les profits de TotalFinaElf, par exemple, responsable de la marée noire de L'Erika et de la pollution des côtes de Bretagne et de Vendée, ont augmenté de 165 % au premier semestre !

Mais le gouvernement fait le choix inverse. Pour alléger les impôts sur les profits des grandes entreprises et pour faire des cadeaux aux plus riches, il impose les classes populaires.

Alors pour nous travailleurs, si nous ne voulons pas payer toujours plus cher l'essence, le gazole et même le fioul domestique, et si nous ne voulons pas, de surcroît, que le gouvernement nous fasse payer les concessions qu'il a faites aux patrons routiers, c'est à notre tour de taper du poing sur la table et d'imposer au gouvernement d'autres choix que celui de puiser encore et toujours dans les poches des travailleurs et des classes populaires.

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