Baisse de l'euro : Qui va payer ?15/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1679.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse de l'euro : Qui va payer ?

L'euro, la monnaie européenne censée améliorer la stabilité monétaire, voire mettre un terme à la spéculation, s'est fortement déprécié depuis sa création en janvier 1999. On nous annonce chaque semaine de nouveaux records à la baisse, l'euro ayant déjà perdu le quart de sa valeur par rapport au dollar : il équivalait à 1,18 dollar en janvier 1999 et ne représente plus aujourd'hui que 0,86 dollar. Cela a fait passer le dollar de 5,57 F à 7,64 F !

C'est dire que si les spéculations monétaires entre les monnaies européennes qui doivent laisser place à l'euro ont cessé, puisque leurs parités avec l'euro, et par conséquent entre elles, sont désormais fixes, la spéculation s'est reportée à un autre niveau entre l'euro, le dollar ou le yen. Et le jeu de yoyo des monnaies n'est pas prêt de s'arrêter.

Quant à l'espoir des bourgeoisies européennes que la nouvelle monnaie puisse concurrencer le dollar comme monnaie de réserve que les banques garderaient en stock comme elles gardent actuellement le dollar, le pari est pour l'instant perdu car on ne garde pas en réserve une monnaie qui se déprécie ; plus même, on s'en débarrasse quand on en a, accélérant ainsi la chute de sa valeur.

La baisse de l'euro pourrait évidemment relancer l'inflation dans les pays européens puisque toutes les marchandises qu'ils importent et qu'ils payent en dollar sont renchéries d'autant. Cependant, cette baisse fait aussi les bonnes affaires de certains puisque l'euro faible favorise les exportations européennes devenues moins chères sur les marchés étrangers.

Mais qui profite de ces ventes à l'étranger ? Essentiellement les grandes entreprises capitalistes, les grands trusts internationaux dont toute une partie de l'activité est tournée vers l'exportation. Et pour l'instant ces entreprises qui font des profits records ne se plaignent pas du renchérissement des matières premières ou des machines ou des produits semi-finis qu'elles achètent à l'étranger. Cela a bien l'air d'être tout bénéfice pour elles car, même si elles répercutent ces hausses-là sur leurs prix de vente, cela est plus que compensé par la baisse de l'euro.

Par contre, si les prix à la consommation augmentent, comme l'essence par exemple mais aussi comme bien d'autres produits qui sont importés et payés en dollars et susceptibles eux aussi d'augmenter, ce sont encore une fois les consommateurs et les moins fortunés d'entre eux qui en souffriront le plus et verront leur niveau de vie diminuer d'autant. En définitive si les travailleurs européens ne réussissent pas à imposer que les salaires suivent la hausse des prix, c'est eux qui paieront par la baisse de leur niveau de vie les surprofits encaissés à l'exportation par les grands capitalistes.

Euro ou pas, les économies capitalistes subissent toujours les aléas de la spéculation monétaire et le font payer à la population. La seule chose que change l'euro, c'est que maintenant c'est toute la population européenne qui en subit les conséquences dans les mêmes proportions. Et il est à souhaiter que, pour les travailleurs des différents pays européens, cela aide à une prise de conscience de leurs intérêts communs.

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